désespoir. La danse terminée, le bouc reprend place sur son piédestal. Les dames qui ont assisté à ce spectacle s’approchent de la duchesse avec force génuflexions et révérences, puis l’entraînent avec elles. Faust est resté sur l’avant-scène, et, pendant qu’il regarde le menuet, Méphistophéla revient prendre place à ses côtés. Il signale la duchesse à sa compagne avec un mouvement de répugnance, et semble lui faire au sujet de cette femme quelque confidence horrible. Il manifeste son profond dégoût pour tout ce monde absurde qui grimace autour de lui, pour ce fatras gothique où il ne reconnaît qu’une immonde et brutale parodie de l’ascétisme spiritualiste, — parodie qui n’a pas même le mérite d’être plus amusante que l’original. Il se sent le besoin d’une autre atmosphère, d’un air plus serein, plus pur ; il aspire à la beauté harmonieuse de l’ancienne Grèce, aux nobles et généreux types du monde homérique, cette printanière adolescence du genre humain. Méphistophéla comprend son désir, et, touchant la terre, de sa baguette, en fait surgir l’image de la fameuse Hélène de Sparte, belle vision aérienne aussitôt évanouie qu’apparue. Le docteur Faust, qui, en véritable érudit allemand, avait toujours idolâtré l’idéal antique, vient d’entrevoir la plus belle héroïne de ses rêves savans. Un noble enthousiasme brille dans ses yeux, l’impatience le saisit. Sur un signe de Méphistophéla, les coursiers magiques se présentent et les enlèvent tous deux. En ce moment, la duchesse rentre en scène ; à la vue de son bien-aimé qui vient de s’enfuir, elle devient folle de désespoir et tombe évanouie. Des monstres goguenards la ramassent et la promènent triomphalement avec maintes facéties grossières.
Nouvelle ronde satanique, interrompue tout à coup par les sons persans d’une petite cloche et le choral des orgues, sacrilège parodie de la musique religieuse. Rassemblement général autour de l’autel ; les flammes en jaillissent ; consumé par le feu, le bouc éclate et disparaît avec fracas. Quelque temps encore après la chute du rideau, on entend retentir les chants impies, les chants à la fois grotesques et terribles de la messe de Satan.
La reine de cette île, c’est Hélène, la fille de Sparte, la plus noble beauté