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ture : ils ont dans les montagnes quelque morceau de terrain auquel ils consacrent une heure le matin ou le soir des longs jours de l’été. D’ailleurs, comme tous les membres d’une famille ne vont pas à la fabrique, il y en a toujours quelques-uns qui font de l’agriculture leur occupation habituelle, et les deux genres de travail sont ainsi très rapprochés l’un de l’autre.

Diverses institutions, dues au mouvement des idées modernes, tendent à créer quelques moyens de bien-être ou à élargir par l’instruction la sphère des intelligences. Une caisse générale d’assistance mutuelle pour le cas de maladie, qui assure de plus un secours périodique lorsque l’âge empêche de travailler, a été fondée dans des vues libérales et généreusement dotée d’un fonds de 4 000 francs. Les statuts contiennent un article très sage, trop rarement usité dans les actes de cette nature, qui prive de toute assistance le sociétaire malade rencontré au cabaret. La caisse mutuelle de Munster a eu l’avantage de substituer des calculs précis aux douteuses garanties qu’offrent les associations de ce genre, quand elles sont remises à des mains inexpérimentées. Ce n’est pas là pourtant le côté le plus neuf des institutions créées dans cette fabrique : un plus vif intérêt s’attache aux dispositions prises pour améliorer l’alimentation des ouvriers et pour loger convenablement un certain nombre de familles.

Dans la filature, qui est isolée de toute habitation, comme les travailleurs ne pourraient aller prendre leurs repas au dehors, on a établi un immense réfectoire où se réunissent un millier de convives. Des gens de service rétribués par l’établissement font cuire ou réchauffer dans d’immenses fourneaux les alimens apportés le matin par les ouvriers. Sur un autre point, près des ateliers de l’impression et du tissage, on prépare et on distribue environ trois cents litres de soupe chaque jour à un prix inférieur au prix de revient. On donne la préférence aux familles qui sont chargées d’enfans, ou qui comptent dans leur sein quelques individus infirmes. Il en est ainsi dans une boulangerie créée et administrée par l’établissement même, et où la faculté de s’approvisionner, bien que libéralement accordée, n’est pas générale, à moins de circonstances exceptionnelles comme la disette de 1847. Les facilités concernant les habitations, qui ne pouvaient s’étendre au nombreux personnel de Munster, s’adressent particulièrement aux ouvriers de la filature, pour lesquels on a bâti une vaste maison de cinq étages au pied des montagnes, en face des ateliers. Des logemens spacieux, disposés sur un plan uniforme, parfaitement appropriés aux besoins d’une famille, et qui sont toujours extrêmement recherchés, se louent de 5 à 7 francs par mois selon l’étage. Le bâtiment même, malgré son étendue, ne saurait être comparé à ces grandes maisons comme il en existe dans quelques villes, véritables