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Castracane, de monsignor Roberto Roberti, des princes de Ruviano et Barberini, des marquis Bevilacqua et Ricci, et du général Zucchi. Ce bref fut connu à Rome le 3 décembre. Il était difficile que M. Mamiani se crût plus long-temps autorisé à gouverner au nom du pape. Il adressa au corps diplomatique une circulaire dans laquelle il expliquait sa conduite, et annonça formellement l’intention de se retirer.

Ce n’était le compte ni des révolutionnaires, qui, malgré la rapidité avec laquelle leur œuvre de destruction marchait, ne se croyaient pas encore assez sûrs des esprits pour en venir aux mesures extrêmes, ni des modérés, qui voyaient dans M. Mamiani, à cause du reste d’autorité qu’ils lui supposaient sur les clubs, leur dernière espérance de salut. Le parlement n’accepta pas la démission de M. Mamiani, le pria de continuer provisoirement à administrer, et résolut, sur la proposition des centres, d’envoyer à Gaëte une députation chargée de supplier le saint père de revenir dans ses états. La députation partit le 5 décembre. Il est aisé de deviner où fut dans l’intervalle le gouvernement. La commission municipale nommée par Pie IX en avait le titre officiel, mais, comme on pense, n’en exerçait aucunement les fonctions. Le seul membre de cette commission dont l’énergie eût pu tenter de sauver quelque chose était le général Zucchi, mais il n’était pas à Rome. Ce n’était pas M. Mamiani non plus qui gouvernait. Il n’était que le représentant inutile d’une politique de tiers-parti, qui, si à aucune époque elle avait eu entre ses mains quelques chances de réussir, était, certes, le 5 décembre, parfaitement impuissante à rien conduire ni à rien arrêter. Le pouvoir, en réalité, était dans les clubs, où MM. Galletti et Sterbini entre tous l’exploitaient. Le parlement çà et là faisait montre de résister encore aux effets de la déchéance morale dont son indigne conduite le jour de la mort de M. Rossi l’avait frappé ; mais ce simulacre même d’autorité constitutionnelle allait bientôt s’évanouir.

L’anarchie tous les jours gagnait. Les provinces, d’où la résistance aurait dû et pu venir, assistaient, les unes dans l’indifférence, les autres dans l’effroi, quelques populations seulement dans une indignation honnête, mais stérile, aux progrès de la scandaleuse révolution inaugurée le 15 novembre. Il était évident qu’avant peu et à la première occasion, cette révolution triomphante allait prendre publiquement les insignes du pouvoir dont elle avait déjà toute la réalité. Cette occasion ne tarda pas à se produire. Le 7 décembre, on apprit à Rome que, arrivée à Portello, à la frontière du royaume de Naples, l’ambassade envoyée au saint père avait été repoussée par un inspecteur de police qui avait ordre de ne pas lui permettre d’aller plus loin. Le lendemain, bien que ce fût jour de fête solennelle, la chambre des députés se rassembla. Les clubs avaient déjà fait connaître leur programme : manifeste