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somme qui peut être capitalisée raisonnablement à 3 et demi pour 100. Quant au revenu net de la propriété bâtie, dans laquelle l’argent est placé généralement à 5 pour 100, il n’est certainement pas inférieur à 750 millions. On aurait donc une idée exacte des choses en résumant les données qui précèdent en ces termes :


Revenu annuel Taux du placement Valeur en capital
Propriété rurale 2,050,000,000 fr. 3 ½ pour 100 58,574,000,000 fr.
Propriété bâtie 750,000,000 5 pour 100 15,000,000,000
2,800,000,000 73,574,000,000

Ainsi, selon nous, le revenu total de tous les immeubles serait de 2 milliards 800 millions, somme qui porterait à 73 milliards 574 millions la richesse immobilière de la France.

Voyons maintenant les charges qui pèsent directement sur la propriété. Ce sont :


1° L’intérêt des 10 milliards de la dette hypothécaire évalué par nous à 620 millions
2° L’impôt. (Contributions foncières et portes et fenêtres) 298 millions
918 millions

À ce compte, la propriété foncière devrait plus de la septième partie de son capital, et elle aurait à solder annuellement, tant pour l’intérêt des sommes dues à ses créanciers privilégiés que pour les impôts directs, près du tiers de son revenu net. N’avions-nous pas raison de dire qu’en aucun autre pays de l’Europe la propriété immobilière n’est dans, une situation aussi déplorable qu’en France[1] ?

Ce tableau est triste, et cependant il ne laisse voir qu’une partie de la vérité. Il s’en faut de beaucoup que les dettes hypothécaires soient les seules qui écrasent les possesseurs d’immeubles. Tous les hommes d’affaires savent que les propriétaires de la classe aisée ne se décident à laisser prendre inscription sur leurs biens que lorsqu’ils ont épuisé leurs ressources personnelles. Quant à la petite agriculture, ce n’est

  1. La Belgique, en raison de sa similitude avec la France, paraît être un des pays où la propriété foncière souffre le plus. Eh bien ! il ressort des documens officiels, faits avec une remarquable précision, que la dette hypothécaire n’atteint pas en capital plus de la douzième partie de la valeur des biens-fonds, et que les prélèvemens annuels pour l’intérêt des créances et l’impôt foncier n’absorbent pas même la cinquième partie du revenu, savoir :
    Valeur de la propriété en capital 9,480,000,000 fr en revenu, 284,000,000 fr.
    Capital de la dette hypothécaire 800,000,000
    Annuités à payer (pour l’impôt foncier 18 millions, pour la dette 37 millions). 55,000,000