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LA JEUNESSE


DE


MADAME DE LONGUEVILLE.




II.
MADEMOISELLE DE BOURBON DANS LE MONDE.




C’est une erreur beaucoup trop répandue, et récemment fortifiée par M. Roederer dans son ingénieux et savant mémoire sur la Société polie en France[1], que l’hôtel de Rambouillet ait été le premier et long-temps le seul salon de Paris où se soit rassemblée la bonne compagnie. Non : la marquise de Rambouillet n’a pas créé, elle n’a fait que suivre l’heureuse révolution qui faisait succéder, en France, à la barbarie des guerres civiles et à la licence des mœurs un peu trop accréditée par Henri IV, le goût des choses de l’esprit, des plaisirs délicats, des occupations élégantes. — Ce goût est le trait distinctif du XVIIe siècle c’est là la pure et noble source d’où sont sorties toutes les merveilles de ce grand siècle. Louis XIV, en 1661, le reçut tout formé, illustré au dedans et au dehors par les plus éclatans succès militaires et politiques, riche en chefs-d’œuvre de tout genre, quand déjà les plus beaux génies avaient achevé ou commencé leur carrière, quand Malherbe et Balzac, les fondateurs de la nouvelle prose et de la nouvelle poésie, quand Descartes, le fondateur de la nouvelle philosophie,

  1. Paris, in-8e, 1835.