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REVUE. — CHRONIQUE.

définitif. C’est dans ce sens que se sont prononcées les conventions de la Caroline du nord et de la Georgie. La Caroline du sud, cet état qui l’an dernier a mis, par son obstination à demander la séparation, l’Union à deux doigts de sa ruine, a relevé la tête et déclaré qu’elle voulait bien ajourner sa résolution définitive jusqu’au mois de juillet prochain, où les partis auront à s’entendre pour le choix d’un candidat. Si le candidat est hostile au compromis, l’agitation pour la séparation recommencera : elle le déclare. Tout est aussi incertain que par le passé ; cependant, dans les états où les whigs free soilers dominent comme à New-York, l’union des whigs modérés qui portaient M. Fillmore et M. Webster a produit d’heureux résultats, et, dans les élections préliminaires pour le choix des délégués, M. Fillmore a obtenu la majorité. D’un autre côté, les démocrates du sud ont déclaré que leur représentant devrait s’engager formellement à maintenir la loi sur les esclaves fugitifs. Puisse le candidat définitivement élu, whig ou démocrate, être le candidat de l’Union et non le candidat des sectes ! Il n’y a que ce moyen de maintenir la paix et de ne pas livrer à d’incalculables périls l’ambition croissante de la république américaine.

Ch. de Mazade.


Nous n’avons rien dit encore à nos lecteurs du procès qui nous a été intenté pour la Lettre de M. P. Mérimée sur le procès de M. Libri, insérée dans notre livraison du 15 avril. Quand un homme dans la situation littéraire de M. Mérimée, quand un membre de l’Académie française prenait la parole dans une affaire où se trouve si gravement intéressé un de nos anciens collaborateurs, nous avons cru qu’il n’y avait nul péril pour nous à ouvrir la Revue à cette discussion. Devions-nous supposer qu’on pût attribuer à un homme si étranger par les habitudes de sa vie à toute polémique blessante la pensée d’un outrage à la magistrature ? Ceux qui connaissent les habitudes de la Revue ne pouvaient non plus nous prêter, nous aimions à le croire, une pareille pensée. Dès qu’il sut qu’on lui attribuait une telle intention, l’auteur n’avait même pas hésité à protester par une lettre rendue publique, Quoi qu’il en soit, la justice a prononcé, et le 26 mai le tribunal a condamné l’auteur et la Revue. Il ne nous reste qu’à nous soumettre et à publier le jugement qui nous concerne.

« Attendu que de Mars, gérant de la Revue des Deux Mondes, a publié dans le numéro de ce journal du 15 avril 1852 un article dont Mérimée se reconnaît l’auteur, intitulé Procès de M. Libri, commençant par ces mots : « Vous me priez de dire, » et finissant par ceux-ci : « A Troyes plutôt qu’ailleurs ; »

« Attendu que dans cet article, notamment dans les passages énoncés dans l’ordonnance de la chambre du conseil, Mérimée, en précisant certains faits qu’il déclare être à sa connaissance personnelle, signale les magistrats qui ont pris part à l’instruction de l’affaire Libri comme n’ayant apporté dans l’exercice de leurs fonctions que de l’ignorance, de la légèreté et de l’étourderie ;

« Attendu que l’instruction nouvelle à laquelle il a été procédé a démontré l’inexactitude des faits par lui allégués, soit en ce qui concerne les prétendues irrégularités commises par les magistrats, soit en ce qui concerne les prétendues erreurs de l’acte d’accusation, qu’il qualifie d’œuvre d’imagination rédigée