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ATTILA.




DERNIERE GUERRE ET MORT D'ATTILA.[1]




I; – INVASION DE L’ITALIE. – AMBASSADE DU PAPE SAINT LEON;

Attila était-il vaincu ? Il prétendait bien que non, et, aux yeux de son peuple, il ne l’était point. Regagner ses foyers sain et sauf, en compagnie d’une partie de ses troupes et de ses chariots pleins de butin, ce n’était pas revenir vaincu, au moins d’après les idées que les peuples nomades se font de la guerre, et, afin d’ajouter au fait une démonstration qui parût sans réplique, Attila, dès le printemps suivant, entra en Italie avec une armée reposée et complétée.

Au reste, les Huns n’étaient pas les seuls à prétendre que leur roi n’avait point été vaincu ; les ennemis personnels d’Aëtius, les envieux, les flatteurs de la cour impériale, où la puissance du patrice était redoutée, le criaient encore plus haut. Ceux-là même qui reconnaissaient que le champ de bataille de Châlons était resté aux aigles romaines en attribuaient l’honneur à Théodoric et à ses Visigoths. Dans cette cour, réceptacle de toutes les lâchetés, on aimait mieux abaisser Rome devant des Barbares, alliés incertains et dangereux, que d’avouer qu’elle devait son salut au génie d’un grand général. La haine alla plus loin : elle peignit l’organisateur de la défense des Gaules, le vainqueur de Châlons, le tacticien habile qui aurait peut-être détruit les Huns jusqu’au dernier sans la désertion des Visigoths, comme

  1. Voyez la livraison du 1er février, celle des 15 février et 1er mars.