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Les météores ignés comprennent les étoiles filantes, les bolides et les aérolithes.

Les étoiles filantes sont, ainsi que le nom l’indique, des feux semblables à des étoiles et parcourant un certain trajet dans le ciel.

Les bolides sont des globes de feu qui illuminent l’horizon.

Les aérolithes sont des pierres qui tombent sur la terre avec un grand fracas et souvent avec une grande lumière.

L’antiquité a mentionné bien des fois la chute de pierres venant du ciel. Dans la 78e olympiade, environ 467 ans avant l’ère chrétienne, une pierre tomba près du fleuve AEgos-Potamos, là où, plus tard, Lysandre mit fin à la guerre du Péloponèse par une victoire décisive sur les Athéniens ; elle était grosse comme un chariot et de couleur brûlée. Vu leur origine, de pareilles pierres ont été consacrées dans les temples païens et y sont devenues l’objet de l’adoration. Tite-Live cite des pluies de pierres ; chaque fois que ce prodige était signalé, on ordonnait des sacrifices, afin d’apaiser les dieux et de détourner leur colère. Les anciens croyaient à la réalité du phénomène, et, y croyant, ils l’incorporaient sans effort dans tous leurs systèmes d’idées. Leur religion acceptait ce prodige et le rendait sensible aux yeux et aux cœurs, comme du reste l’ensemble de ce qu’ils savaient, en le rattachant au lien suprême de leur existence sociale. Mais, dira-t-on, ces récits de la crédule antiquité sont-ils véritables, et est-il permis d’y avoir confiance ? Voyez vous-même et jugez. En 1627, Gassendi rapporte qu’il tomba sur le mont Vaiser, entre les villes de Guillaume et de Pernes, en Provence, une pierre enflammée qui paraissait avoir quatre pieds de diamètre ; elle était entourée d’un cercle lumineux, et la chute fut accompagnée d’un bruit semblable à celui de plusieurs coups de canon réunis. En 1723, à Reichstadt, on vit un petit nuage, le ciel était d’ailleurs serein, et en même temps il tomba dans un endroit, après un éclat très fort, vingt-cinq pierres, et huit dans un autre. En 1750, près de Coutances en Normandie, explosion et chute d’une pierre. Au reste, toutes ces descriptions se ressemblent, ce qui les confirme toutes : il y a toujours explosion, très souvent lumière, puis chute de pierres, qui sont très chaudes, répandent une odeur sulfureuse, et présentent une apparence tout-à-fait semblable. En 1790, près des Pyrénées, apparition d’un globe de feu qui efface l’éclat de la lune, alors presque dans son plein ; il éclate, les débris s’en éteignent dans l’atmosphère ; puis un bruit semblable à une décharge de grosse artillerie se fait entendre, et des pierres de différentes grosseurs tombent sur un espace de près de deux lieues. À quoi bon prolonger davantage cette énumération ? En voilà bien assez pour donner crédit aux dires des anciens. Des pierres tombèrent jadis du ciel, et il continue d’en tomber aujourd’hui sans interruption et sans relâche.