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quelques résultats généraux, quelques lois encore inconnues. Il conseilla à M. Coulvier-Gravier de mettre de côté l’idée théorique concernant les variations atmosphériques, lui rappelant, pour le persuader, la situation peu flatteuse des astronomes, dont le système, beaucoup plus savamment étayé, s’était néanmoins écroulé sous une masse encore si faible d’observations. M. Saigey se mit lui-même à observer de concert avec M. Coulvier-Gravier, afin d’avoir une idée nette et précise du phénomène et des difficultés que l’étude en présentait. De cette collaboration, où l’un apportait une vaste collection de faits recueillis avec une patience singulière, et l’autre l’esprit de généralisation et les méthodes géométriques, naquirent des travaux qui constituent une nouvelle période dans la connaissance des étoiles filantes. Voici quelques-uns des résultats ainsi obtenus.

Depuis juillet 1841 jusqu’à la fin de février 1845, 5,312 étoiles filantes ont été vues en 1,034 heures.

Dans une même nuit, le nombre d’étoiles filantes n’est pas le même pour toutes les heures. Le dépouillement des observations montre que, lorsque celles-ci avaient été reprises à différentes heures de la nuit, le nombre des météores, à très peu d’exceptions près, augmentait notablement du soir au matin et pour le même intervalle de temps. Cette variation horaire se rencontrait à toutes les époques de l’année, tant à celles des retours périodiques que durant les nuits ordinaires[1]. Un tel résultat ne pouvait être fourni que par l’observation, et toutes les notions antérieures où l’on n’en tient pas compte, attendu qu’il était ignoré, doivent être corrigées d’après ce nouvel élément.

Y a-t-il une variation mensuelle comme il y a une variation horaire, c’est-à-dire aperçoit-on chaque mois une quantité égale ou une quantité différente de météores ? Pour décider cette question, il fallait ramener toutes les observations à la même heure de la nuit, afin de les rendre comparables. Ce calcul laborieux a conduit à cette conclusion : le nombre horaire est à peu près le même pour les six premiers mois de l’année, terme moyen 3,4. Le nombre horaire pour les six derniers mois est aussi à peu près le même, terme moyen 8,0, en sorte que le nombre horaire passe du minimum 3,4 relatif à l’hiver et au printemps au maximum 8,0 relatif à l’été et à l’automne. Ainsi le

  1. La moyenne générale des étoiles par heure est de 5,6 ; cela veut dire que, si en dix heures il en tombe 56, la moyenne pour une heure sera 5 et 6 dixièmes. Quant au nombre horaire moyen, il est, pour 6 à 7 heures du soir, de 3,1 ; — pour 7 à 8 heures, de 3,5 ; — pour 8 à 9 heures, de 3,7 ; — pour 9 à 10 heures, de 4,10 ; — pour 10 à 11 heures, de 4,5 ; — pour 11 à 12 heures, de 5,0 ; — pour 12 à 1 heure du matin, de 5,8 ; — pour 1 à 2 heures, de 6,4 ; — pour 2 à 3 heures, de 7,1 ; — pour 3 à 4 heures, de 7,6 ; — pour 4 à 5 heures, de 6,0 ; — pour 5 à 6 heures, de 8,2.