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ces médailles, où quelquefois nous les voyons réunis comme les trois martyrs de la liberté.

Nous ne connaissons qu’une médaille de Maximilien Robespierre, reproduite de trois modules différens avec de très légères variantes. Elle porte d’un côté 40 thermidor an u, et montre Robespierre face à face avec Cécile Renaud ; or} y lit cette légende : J’ai voulu voir comment était fait un tyran. C’est donc une médaille vengeresse. Plusieurs pièces de divers modules déplorent la captivité du dauphin Louis XVII et de sa soeur. Elles sont exécutées avec soin, et la figure du jeune prince doit être ressemblante. Une de ces médailles est commémorative de la mise en liberté de la princesse, le 19 décembre 1795. Elle, a été exécutée avec un soin tout particulier. Une autre pièce avec anneau nous représente un jeune aiglon présentant ses serres avec cette légende : A bas l’anarchie, vive Louis XVII ! Cette pièce était portée par les royalistes.


III

L’année 1796 amène une sorte de révolution dans l’art, réduit depuis trop long-temps à consacrer les hideux triomphes de l’anarchie et à glorifier ses héros ou ses victimes. Cette année ouvre l’ère triomphale des médailles napoléoniennes. La première médaille de cette nouvelle série est de M. Gayrard ; elle porte d’un côté le buste de Bonaparte, sans légende ; de l’autre, elle représente une Victoire ailée tenant une couronne et une branche de laurier, et à l’exergue : Bataille de Montenotte, 1796. La couronne et le laurier ont été, comme on voit, de favorable augure. Les médailles commémoratives de la Bataille de Millesimo, du Passage du Pô et de l’Adda, et des victoires de Castiglione et de Peschiera, sont des chefs-d’œuvre à côté de tout ce qu’a produit la période révolutionnaire. Le jeune héros a du bonheur en tout ; il trouve des artistes dignes de sa gloire. L’une de ces médailles, celle de Castiglione, fut votée à l’armée d’Italie par une loi du 27 thermidor an IV, comme l’indique l’inscription du revers ; elle nous représente trois guerriers nus dans le style antique : l’un d’eux a été terrassé ; le second est blessé et fléchit le genou ; le troisième debout tient son glaive levé et va lui donner le coup mortel. L’agencement de ces trois figures est excellent. Cette médaille est de Lavy. C’est, du reste, un moment de renaissance pour les arts, comme nous l’indiquent la médaille d’Apollo palatinus, qui célèbre l’ouverture du musée central des arts, et la médaille d’Alexandre Lenoir, administrateur du musée des monumens français.

Les médailles de la Reddition de Mantoue, de Lavy et de Duvivier, qui se sont bornés à représenter à la face le buste de Virgile, et au revers une couronne murale placée sur un cygne, avec l’énonciation et la date de l’événement, et les médailles du Passage du Tagliamento et de la Prise de Trieste, de Lavy également, sont dignes des autres médailles commémoratives de la conquête de l’Italie. Cependant le héros qui vient de se révéler n’est pas toujours aussi heureux, et quelques-unes des médailles qu’il a inspirées se ressentent encore de la barbarie de l’ère précédente. La médaille du Traité de Campo-Formio, offerte au vainqueur par l’Institut national, et que Duvivier a composée, nous présente une image peu fidèle du destinataire. Le revers nous le montre à cheval, costumé à l’antique, tenant à la main une branche de laurier, précédé