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ni la sanction définitive du pouvoir, n’est encore qu’un projet, et que d’ailleurs, en signalant un danger, nous indiquons par quels moyens il serait possible de le prévenir.

Notre monnaie de cuivre est, sans contredit, la plus laide de l’Europe. Composée de sous royaux qui remontent aux premiers temps de Louis XV, des produits informes de la fonte des cloches, des émissions faites à la hâte sous le directoire, elle donnerait dans l’avenir la plus triste idée de notre civilisation, s’il en devait être un jour de la France comme de ces peuples qui ne sont plus connus que par leurs médailles. L’idée d’une refonte monétaire n’est pas nouvelle ; mais on a reculé long-temps devant la dépense qu’entraînerait le frappage d’un milliard de pièces, dépense de luxe, il faut l’avouer, car, à part leur incontestable laideur, nos vieux sous font encore passablement leur service. Vers 1842, on s’avisa d’un expédient qui paraissait trancher la difficulté. C’était de réduire à moitié le poids des pièces de cuivre, de manière à ce que la vente du métal devenu inutile payât les frais du monnayage. Un projet établi sur cette base fut déposé en 1842, débattu seulement en 1843, et rejeté après une discussion très lumineuse. Remise à l’étude vers la fin de 1847, adoptée en 1848 par le gouvernement provisoire, cette même combinaison fut écartée par l’assemblée constituante, sinon comme mauvaise, au moins comme inopportune.

L’idée primitive se retrouve au fond du projet récemment adopté par le corps législatif. Les diverses pièces de cuivre qui circulent, actuellement pour une somme d’environ 50 millions sont taillées dans la proportion de 2 grammes pour 1 centime. On est à la veille de les retirer et de les remplacer par de belles pièces de bronze de 1, 2, 5 et 10 centimes, aux poids correspondans de 1, 2, 5 et 10 grammes. Les frais de l’opération sont évalués à 7,560,000 francs ; mais, comme la réduction à moitié poids des pièces démonétisées permettrait de vendre une masse considérable de cuivre, on espère que ce recouvrement procurerait une somme supérieure à la dépense du monnayage.

Nous n’examinerons pas s’il serait avantageux pour le public que les sous fussent moitié moins lourds, ou si le peuple français est devenu tellement athénien qu’il éprouve le besoin de payer ses menues dépenses avec de belles médailles. Ce sont là des points que chacun peut décider arbitrairement, selon ses habitudes ou la nature de ses affaires. Nous resterons sur le terrain de l’économie politique et dans les limites de la thèse que nous avons posée au début.

Les monnaies doivent avoir une valeur métallique égale intrinsèquement à celle que la loi leur donne, sauf une imperceptible différence pour le coût du monnayage. Anciennement on ne faisait pas exception à ce principe pour les monnaies d’appoint. On relevait la valeur