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de paix et sur le pied des armemens actuels, ce chiffre peut paraître trop élevé ; mais il n’aurait rien d’excessif en temps de guerre. Il faut avoir, en effet, sous la main non pas seulement des porteurs d’épaulettes, mais des officiers préparés de longue date au service d’une armée navale, façonnés à la navigation à voiles comme à la navigation à vapeur, car tout officier étranger à l’une ou à l’autre de ces deux navigations n’est aujourd’hui qu’un marin incomplet. Il faut enfin que ces officiers soient rompus aux exercices de guerre de toute sorte, pour pouvoir y dresser eux-mêmes les équipages. Parmi ces 1,200 officiers subalternes, le cadre des lieutenans de vaisseau renferme également un assez grand nombre de membres incapables d’un service actif, les uns par suite de leur âge avancé, les autres par suite de leurs infirmités.

Il faut se demander maintenant quelles sont pour ces 1,200 officiers les chances d’avancement, ce stimulant si nécessaire pour entretenir le zèle. — Par suite de la stagnation que nous avons signalée plus haut dans les mouvemens de retraite des officiers supérieurs, les lieutenans de vaisseau restent quinze années dans leur grade avant de passer capitaines de frégate à l’ancienneté. D’un autre côté, les enseignes de vaisseau n’obtiennent généralement la double épaulette, aussi à l’ancienneté, qu’après dix ans de grade ; or, si l’on ajoute à ces vingt-cinq ans cinq années passées dans le grade d’aspirant, on comprend le peu de perspective qu’a devant elle la majorité des jeunes gens pour parvenir au grade supérieur. Mais le remède ? nous dira-t-on. Le remède nous semble consister, si l’on ne veut pas sortir du principe égalitaire de la loi d’âge, dans l’abaissement de cet âge pour l’époque de la mise en retraite des officiers de tous grades. cet abaissement pourrait aller jusqu’à trois ans pour certains grades, jusqu’à cinq pour d’autres, et nul n’y pourrait trouver à redire, surtout si les officiers, ainsi rejetés du cadre actif, formaient, comme dans la marine anglaise, un cadre de réserve jusqu’à l’époque de leur mise en retraite définitive. Dans ce cadre de réserve, les appointemens pourraient être portés au chiffre de ceux de la non-activité et figureraient au budget. La caisse des Invalides, déjà si obérée, n’aurait donc nullement à souffrir du mouvement salutaire imprimé de la sorte à l’avancement des officiers de la flotte, et ces derniers, plus confians dans leur avenir, n’en serviraient qu’avec plus de zèle et d’ardeur. Naturellement le service y trouverait son compte et ne pourrait qu’y gagner fort. S’il n’était pas question tout d’abord de ranimer ce zèle sans lequel un vaisseau armé n’est qu’une machine de guerre pour ainsi dire inerte, nous pourrions faire remarquer en passant combien les dénominations des grades de la marine sont peu rationnelles. Qu’est-ce en effet que les dénominations de vice amiral et de contre-amiral ? Ne serait-il pas plus naturel d’appeler le premier amiral d’escadre et le second amiral de division, puisque tels sont