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l’isthme dans sa partie la plus étroite ou peu s’en faut, en aboutissant d’un côté à Panama ou dans le voisinage de cette ville, et de l’autre côté à un point situé entre Porto-Bello et Chagres.

La seconde, située un peu au nord de la précédente, partirait du port de San-Juan de Nicaragua, sur l’Atlantique, pour remonter le fleuve San-Juan, traverser le lac de Nicaragua et se diriger de là sur la côte du Pacifique, qui est peu éloignée du lac.

La troisième voie de jonction, située dans les provinces d’Oajaca et de Vera-Cruz, au sud du Mexique, remonterait le fleuve Guazacoalcos, qui débouche dans l’Atlantique, vers le 18e degré de latitude nord, et franchirait le faîte peu élevé qui sépare les deux océans, pour arriver sur le Pacifique, à un point situé près de la ville de Tehuantepec, qui a donné son nom à cette partie de l’isthme.

C’est sur ces trois directions que les préférences de l’opinion publique se sont fixées en Amérique dans ces derniers temps. Des compagnies se sont organisées aux États-Unis pour créer sur ces trois points des voies de communication par terre ou par eau. Une de ces compagnies s’est même déjà mise à l’œuvre très sérieusement, et le monde commercial peut espérer de jouir bientôt d’une première voie de communication perfectionnée entre les deux océans. Il est intéressant de suivre dans leurs phases diverses les travaux exécutés ou préparés depuis quelques années pour rapprocher les deux mers, soit entre Chagres et Panama, soit entre San-Juan de Nicaragua et le Pacifique, soit enfin sur les bords du Guazacoalcos et près de Tehuantepec.


I. – VOIE DE COMMUNICATION ABOUTISSANT A PANAMA. – CHEMIN DE FER.

Des compagnies s’étaient à diverses reprises adressées au gouvernement de la Nouvelle-Grenade pour obtenir l’autorisation de construire une voie de communication entre Panama et Chagres ou un point rapproché de cette dernière localité. Ce fut d’abord la compagnie franco-grenadine, connue aussi sous le nom de compagnie Salomon, qui se proposait de construire un canal, et qui obtint à cet effet une concession du gouvernement de la Nouvelle-Grenade. Cette compagnie fit étudier le terrain que devait traverser le canal, et ce fut à l’occasion de ces études due le gouvernement français envoya sur l’isthme, à la fin de 1843, un ingénieur des mines, M. Garella, avec mission d’étudier la question du canal maritime et de dresser un devis des dépenses qu’il y aurait lieu de faire pour l’établissement d’une pareille voie de communication. Les résultats du travail de M. Garella, publiés en 1845, ne s’accordent nullement avec ceux qui avaient été annoncés par la compagnie Salomon. M. Garella établit que les difficultés d’exécution seraient beaucoup plus grandes que la compagnie ne le supposait ; celle-ci,