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ces cinq mois a été de 22 degrés. La baie de Limon n’est pourtant qu’à 7 milles (11 kilomètres) de Chagres, où la chaleur est souvent excessive ; mais dans toute l’étendue de la baie il règne constamment une brise très forte qui modère l’action des rayons solaires, et qui a de plus l’avantage, inappréciable sous ces latitudes, d’éloigner les insectes et notamment les moustiques, que l’on retrouve presque partout ailleurs sur l’isthme.

La baie de Limon a joué un certain rôle dans l’histoire des flibustiers et des boucaniers d’Amérique. C’est dans cet abri que ces pirates venaient attendre le passage des galions espagnols à leur sortie de Porto-Bello, qui en est éloigné de 15 à 18 milles. La profondeur de cette baie du nord au sud est d’à peu près 4 milles géographiques (7,400 mètres) ; sa largeur approche de 3 milles (5,500 mètres). Elle est accessible aux grands navires du commerce jusqu’à 3 milles de l’entrée, et les vaisseaux de guerre peuvent pénétrer jusqu’à 2 milles et au-delà ; mais il n’est pas toujours facile de s’y introduire. Comme cette baie s’ouvre au nord, un navire à voile ne peut y pénétrer facilement par les vents du sud, qui dominent pendant une partie de l’année ; de même on ne peut guère en sortir par les vents du nord. À cause de la houle très forte qui règne dans l’intérieur même de la baie, il sera indispensable, si l’on veut y créer un bon mouillage, d’y construire, d’un côté du moins, un brise-lame d’une certaine longueur. Telle est effectivement l’intention de la compagnie du chemin de fer. Le brise-lame partirait de l’extrémité nord-ouest de l’île de Manzanilla, et s’étendrait dans la baie en s’inclinant vers le sud-ouest. On lui donnerait en premier lieu une longueur de 1,000 pieds anglais (305 mètres). À cette distance, et même avant, on trouve assez d’eau pour que les grands navires du commerce puissent venir y jeter l’ancre. La jetée que l’on se propose de construire pourrait donc aussi servir de débarcadère pour les marchandises.

À l’ouest de la baie, le terrain s’élève rapidement à partir de la ligne d’eau, et forme une colline qu’on aperçoit de loin. À l’est et au sud, au contraire, le terrain a peu de relief, et s’abaisse même au point de devenir marécageux, à peu près comme dans l’île de Manzanilla. Le bras de mer qui sépare l’île de la terre ferme au sud, et que le chemin de fer traverse, n’a guère que 100 mètres de large. Du côté de l’est, la largeur est d’un demi-mille ; au nord-est, elle augmente encore, et il y a là entre l’île et la côte une petite baie secondaire qui porte le nom de Manzanilla, et où l’on trouve assez d’eau pour les navires d’un fort tonnage ; mais cette baie peu étendue n’offre pas beaucoup de sécurité dans les gros temps. En définitive, le mouillage de Limon offre l’emplacement d’un vaste port qu’on pourra rendre parfaitement sûr au moyen de certains travaux, et le choix de la compagnie du chemin de fer se