Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/908

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à l’état, qui à son tour remettrait au concessionnaire le quart des revenus nets pendant cinquante ans. Enfin on donnait à M. de Garay tous les terrains inoccupés dans une zone de dix lieues à droite et à gauche de la voie qu’on devait construire. On voit que, si l’entreprise était hasardeuse et difficile, les encouragemens ne lui manquaient pas. M. de Garay s’occupa immédiatement d’organiser un corps d’ingénieurs pour procéder à la reconnaissance du terrain, et plaça à leur tête M. Gaëtano Moro. Les études commencèrent en mai 1842, et se continuèrent pendant une période de dix-huit mois. Les résultats de ces études ont été publiés par M. Moro, et ils paraissent mériter toute confiance.

À vol d’oiseau, la largeur de l’isthme, depuis l’embouchure du Guazacoalcos jusqu’à un point situé près de Tehuantepec, est de 217 kilomètres. On trouve près de Tehuantepec deux lacs ou lagunes assez étendues ; la lagune extérieure n’est séparée de la mer que par un banc de sable étroit, divisé par un passage appelé Bocca-Barra. Cette lagune communique avec la seconde, ou lagune intérieure, par une passe qui porte le nom de canal de Santa-Teresa. Malheureusement ces deux lagunes n’ont qu’une faible profondeur, et il faudrait y creuser un port, qui du reste serait parfaitement abrité.

Le terrain, à partir de la lagune intérieure, s’élève par une pente assez douce d’abord, et qui s’accroît ensuite jusqu’au plateau de Tarifa, où l’on arrive par le col du même nom. Ce plateau n’a que 5 milles (8 kilomètres) de large ; il dépasse de 198 mètres le niveau du Pacifique. Après l’avoir traversé, on se trouve sur le versant de l’Atlantique, qui occupe plus des cinq sixièmes de la largeur de l’isthme. De ce côté, le terrain descend avec moins de rapidité que sur l’autre versant jusqu’au confluent de la rivière Malatengo et du Guazacoalcos. À partir de cet endroit et jusqu’à l’embouchure du fleuve dans l’Atlantique, la pente est presque insensible. Enfin le Guazacoalcos est navigable jusqu’à 56 kilomètres de son embouchure pour les navires qui ne jaugent pas plus de 3 mètres 60 cent., et on le rendrait facilement navigable dans ce parcours pour les plus grands navires, en faisant disparaître quelques hauts-fonds. À l’embouchure du fleuve, il y a une barre au-dessus de laquelle M. Gaëtano Moro ne put faire de sondages. Cette lacune dans son travail a été comblée plus tard, en 1850, par un autre ingénieur, M. Trastour, qui a constaté qu’il existait à la barre une passe de 15 mètres de largeur avec 4 mètres 40 cent. d’eau à la marée basse ; la barre est d’ailleurs sur un fond de roc, ce qui permettrait de donner plus de profondeur à la passe qui existe déjà on trouverait donc là un port convenable.

Le rapport de M. Gaëtano Moro contient des détails intéressans sur le climat de l’isthme et sur ses ressources. Les bois de toute sorte y abondent. Le sol paraît éminemment propre à la culture de la canne