Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/909

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à sucre, du maïs, du cacao et du riz. Enfin il y a dans cette contrée des salines considérables, qu’on exploitait autrefois avec grand profit, et qui reprendraient de la valeur, si le pays qui les renferme était traversé par une voie de communication perfectionnée.

Sous le rapport du climat, l’isthme de Tehuantepec présente de grandes inégalités. Sur le versant méridional, entre le Pacifique et le faîte de séparation, le climat est chaud, parce qu’il est abrité des vents du nord par la chaîne des Andes et que les vents du sud y règnent seuls. Le thermomètre s’élève souvent à 33 degrés ou 34 degrés centigrades ; mais l’air est sec, et c’est une cause de salubrité. Sur le plateau, dont l’élévation au-dessus du Pacifique est de 200 mètres à peine, le thermomètre ne s’élève guère qu’à 15 degrés centigrades lorsqu’on observe 30 degrés et plus dans la plaine sur le versant du Pacifique c’est que sur ce plateau la température participe de celle des montagnes voisines, qui tout près de là, à l’est et à l’ouest, atteignent rapidement une hauteur de 2,300 mètres au-dessus de la mer. Il y règne en outre une humidité très grande, parce que les nuages venant du côté de l’Atlantique se déversent en cet endroit. Le climat est également humide sur le versant du nord, sans que les pluies y soient très fréquentes ; mais la température est moins élevée que du côté du Pacifique. Les fièvres intermittentes n’y sont pas rares ; pourtant on assure que la fièvre jaune, qui désole si souvent les pays qui entourent le golfe du Mexique, ne paraît jamais sur l’isthme de Tehuantepec. Au reste, il faut n’accepter qu’avec réserve toutes les opinions émises au sujet du climat de cette contrée, et attendre qu’on ait fait là aussi l’expérience en grand du travail de la race européenne. C’est à elle surtout qu’on devrait sans doute avoir recours, car la population de l’isthme elle-même ne fournirait probablement pas de grandes ressources pour le recrutement du personnel des travaux. Cette population, d’après les recensemens officiels faits en 1831, s’élevait en tout à 52,000 habitans, la plupart Indiens ou métis, disséminés sur une très vaste étendue de terrain et complètement étrangers, comme on le conçoit, aux travaux que comporterait la construction d’un chemin de fer ou d’un canal. Les grandes propriétés rurales connues sous le nom d’haciendas et de rancherias fourniraient facilement, pour la nourriture du personnel, de nombreux bestiaux ; les chevaux et les mulets ne manqueraient pas non plus pour les transports.

C’est sur l’isthme de Tehuantepec que se trouvent une partie des terres qui avaient été concédées par la couronne d’Espagne à Fernand Cortez après la conquête. Ces terres portaient le nom de haciendas marquesanas, et ont long-temps appartenu aux descendans du vainqueur de Montezuma. Cortez lui-même les avait choisies, lorsque l’idée lui était venue d’établir une route entre les deux océans.