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L’île de la Guadeloupe[1], située à vingt-cinq lieues au nord de la Martinique, est divisée en deux parties par un bras de mer très étroit ; l’une de ces parties prend spécialement le nom de Guadeloupe, l’autre celui de Grande-Terre. Le petit détroit qui coupe ainsi l’île en deux, connu des marins sous le nom de Rivière Salée, n’est accessible qu’à des embarcations calant un mètre et demi d’eau. Son utilité est grande toutefois pour le transport des denrées des quartiers qui l’avoisinent.

À l’ouest de la Rivière Salée, la Guadeloupe proprement dite se présente, avec ses chaînes de montagnes volcaniques, parmi lesquelles la Soufrière vomit souvent de la fumée et des étincelles des flancs de son cratère couvert de soufre. La pente de ces montagnes s’adoucit généralement et se termine de manière à laisser entre leur base et le rivage de la mer des étendues de terre plus ou moins considérables. C’est dans cette espèce de ceinture et sur les flancs praticables des mornes que sont établies les cultures et les habitations. La végétation y est aussi riante qu’à la Martinique, et se détache en mille nuances diverses. La seconde moitié de l’île, la Grande-Terre, située à l’est de la Rivière Salée, ne présente au contraire, par un singulier contraste de la nature, qu’une vaste plaine, dont le sol s’élève à peine de quelques mètres au-dessus du niveau de la mer. La circonférence totale des deux parties de la Guadeloupe est d’environ 70 lieues.

Ces différences géologiques en entraînent naturellement d’autres dans la topographie de ces deux îles jumelles : ainsi, grace à ses montagnes couronnées de forêts, à ses ravines profondes, la Guadeloupe proprement dite compte une vingtaine de rivières ou grands ruisseaux, cours d’eau peu considérables, mais qui, dans la saison des pluies, deviennent des torrens souvent impétueux. La Grande-Terre, au contraire, n’est arrosée par aucune rivière ; à peine quelques sources y fournissent-elles l’eau nécessaire à la consommation des habitans et des bestiaux ; les pluies y sont aussi bien moins fréquentes que dans l’autre partie de l’île. Malgré cette rareté des pluies, comme presque tous les points de son étendue sont susceptibles de culture, que la terre en est d’ailleurs grasse et fertile, le sol de la Grande-Terre est plus fécond

  1. . À la Guadeloupe se rattachent administrativement quatre dépendances. L’île de Marie-Galante, — dont le parrain fut Christophe Colomb lui-même, qui lui donna le joli nom de la frégate qu’il montait, — est située à 5 lieues au sud de la Guadeloupe. Son sol est fertile ; elle est de forme circulaire et a 4 lieues de diamètre. Les Saintes sont la seconde dépendance de la Guadeloupe ; c’est un groupe de cinq îlots peu productifs situés à 3 lieues dans le sud-est de la Guadeloupe, et dont le principal avantage est d’offrir aux marins une des rades les plus belles et les plus sûres des Antilles. La Désirade, troisième dépendance, n’est guère plus productive ; c’est une petite île de 2 lieues de long sur une lieue de large, située à 2 lieues au nord-est de la Guadeloupe. Enfin la quatrième dépendance est l’île de Saint-Martin, laquelle est située à 45 lieues au nord-ouest de la,Guadeloupe, et dont nous possédons les deux tiers : l’autre tiers appartient aux Hollandais..