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renouvelés partiellement tous les deux ans, et présidée par le chef politique. Le territoire avait été divisé en presidios, missions et petites villes ou villages. Les presidios furent institués pour protéger les prédications apostoliques et défendre les missionnaires et leurs prosélytes contre les attaques soudaines des gentils ou Indiens sauvages groupés dans le voisinage. Le premier de ces établissemens fut construit, en 1769, à San-Diego, près de l’Océan Pacifique, à peu de distance de la baie qui porte ce nom, et où les navires pouvaient trouver un abri accessible et commode à toutes les époques de l’année. D’autres points de défense furent établis successivement, suivant les besoins et les circonstances, toujours à une faible distance de la mer, près des endroits où celle-ci offre des conditions favorables au mouillage des bâtimens. Un fort placé à un ou deux milles de chaque presidio, dominant la mer, en complétait la puissance d’action en même temps qu’il pouvait, à l’occasion, servir à la défense des côtes.

Les missionnaires acquirent bientôt sur les Indiens qui les entouraient une telle autorité morale, que les presidios ne tardèrent pas à devenir complètement inutiles ; plus tard, ils furent abandonnés. Quant aux missions, elles conservèrent long-temps leur importance : pendant plus d’un siècle et demi, elles furent la source du développement moral de ce pays, exclusivement habité par des hordes sauvages. Les établissemens des missionnaires étaient situés dans le voisinage des presidios, c’est-à-dire près du littoral, dans les parties du territoire les plus favorables à la culture. Leurs productions devinrent assez considérables pour nourrir la population indienne groupée dans le voisinage de chaque mission. Le bétail de la plus grande espèce, les chevaux, les moutons, l’avoine, le maïs, le blé, étaient les principales richesses des missions ; les établissemens qui étaient situés le plus au sud fournissaient en outre des raisins et des olives en abondance. La production du bétail acquit par la suite une certaine importance ; elle devint l’objet d’un commerce actif avec les vaisseaux étrangers fréquentant ces parages, et qui, en échange du suif et des peaux de bœuf, cédaient une multitude d’objets manufacturés, bien précieux dans un pays où, en fait d’artisans, on trouvait à peine quelques hommes spéciaux pour le travail du fer et le tissage des étoffes le plus indispensables.

Les missions répandues sur le territoire californien étaient au nombre de vingt et une ; leurs vestiges attestent aujourd’hui ce qu’elles ont été à une époque encore fort rapprochée, car le dernier de ces établissemens fut construit en 1822, sous le nom de San-Francisco-Dolores : c’est celui qui est situé le plus au nord du territoire.

Les habitans des petites villes ou villages appartenaient tous à la race blanche. Pour les distinguer des Indiens, on les appelait vulgairement les gens de raison. Presque tous originaires du Mexique ou