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sans compter les Indiens, pouvait être évaluée à 10,000 âmes. Dans ce nombre figuraient 8,000 Californiens originaires du Mexique et 2,000 étrangers arrivés successivement de divers pays et notamment des États-Unis. Parmi les nations de l’Europe qui avaient fourni leur contingent dans ce commencement d’immigration, la France était placée au premier rang. Plusieurs de nos compatriotes se livraient dès cette époque à des opérations commerciales sur le littoral et dans l’intérieur du pays ; quelques-uns même s’adonnaient déjà à certains travaux d’agriculture, à la culture de la vigne par exemple. San-Francisco n’était encore qu’un village de fort peu d’importance, ayant à peine une population de cent cinquante habitans : situé près de la baie la plus vaste et l’une des plus accessibles qu’il y ait probablement au monde, ce point n’était fréquenté que par des navires baleiniers venant y chercher refuge et par un petit nombre de bâtimens marchands, envoyés par des maisons de New-York et de Boston, qui avaient depuis des années le monopole de toutes les transactions opérées sur cette côté de l’Océan Pacifique. Ces bâtimens, installés pour vendre en détail divers objets de première nécessité aux habitans du pays, n’étaient guère que des magasins ambulans qui se transportaient d’un port à l’autre pour échanger leurs produits à des prix exorbitans et recevoir en retour, à des prix minimes, les peaux et le suif que fournissait le bétail des missions. Jusqu’en 1846, le commerce de la Haute-Californie consistait en ces sortes d’opérations d’une importance assez restreinte, mais dont les résultats valurent d’immenses fortunes aux négocians américains qui les avaient dirigées.

En 1847, lors de la cession définitive de la Californie à l’Union américaine, et peu de temps avant la découverte des riches gisemens aurifères, la population de San-Francisco s’élevait à 1,200 âmes. Cet accroissement dans le chiffre des habitans, occasionné par l’arrivée successive d’Américains qui venaient s’y installer, continua dans des proportions analogues jusqu’au commencement de l’année 1848, époque à laquelle fut constatée la présence de l’or sur les bords de la rivière désignée plus tard sous le nom d’American River, l’un des affluens du Sacramento. L’heureux événement ne put long-temps rester secret. Bientôt des colonnes de travailleurs, venant de tous les points du globe, se répandirent dans les vallées du Sacramento et de Saint-Joachim pour prendre leur part du trésor renfermé dans les bassins des nombreux cours d’eau qui sillonnent cette contrée si favorisée.


II. – LA CALIFRONIE SOUS L’ADMINISTRATION AMERIACINE.

Ainsi une période d’indépendance sauvage avant l’arrivée des Espagnols, une période de gouvernement théocratique depuis l’installation