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majorité de ces hommes de la pratique de leurs différens cultes : on les voit déployer une ferveur religieuse capable d’en imposer à ceux qui n’ont pas eu d’intérêts à débattre avec eux. Toutes les affaires sont rigoureusement interrompues le dimanche ; ce jour-là et les autres jours fériés sont consacrés, comme aux États-Unis, à chanter des hymnes au Seigneur dans les diverses chapelles qui ont été les premiers monumens élevés en Californie.

Une administration composée de tels élémens, livrée à tous les désordres qu’amènent la cupidité et le dérèglement des individus qui la représentent, ne peut être entourée de ce prestige d’honorabilité si nécessaire à son existence ; l’autorité qui en émane est purement nominale, et sa protection devient même compromettante dans les momens d’effervescence. L’habitant de ce pays, où il n’existe d’ailleurs aucune espèce de force armée, doit veiller lui-même à sa sûreté personnelle et à celle de ses propriétés. L’insuffisance de la protection individuelle a donné lieu à des associations de citoyens qui, dans les circonstances critiques, instituent des comités de vigilance chargés de sévir contre les auteurs de crimes audacieux que la justice régulière a souvent laissés impunis : triste spectacle où l’on voit un peuple déposer une autorité émanant de son propre choix pour en établir passagèrement une autre à laquelle la précipitation fait commettre quelquefois des erreurs à jamais regrettables !


III. – LES GISEMENS AURIFERES ET LES PROCEDES D’EXPLOITATION.

Le travail est le seul lien qui réunisse les élémens divers de cette population groupée sous la tutelle fort insuffisante, comme on voit, de l’administration américaine, et par travail on ne peut guère entendre aujourd’hui en Californie que l’exploitation des gisemens aurifères. À quels procédés se réduit cette exploitation ? à quels résultats est-elle arrivée ? L’intérêt actuel de cette double question doit seul nous occuper.

La recherche du précieux métal n’exige aucun effort d’imagination ; le géologue le plus pénétrant éprouverait de grandes difficultés à déduire de la nature et des configurations du sol une loi donnant quelques indications sur la répartition de l’or dans les terrains d’alluvion qui le recouvrent. C’est à toutes les profondeurs et sous les dimensions et les formes les plus variées, depuis la parcelle atomique jusqu’à la pépite du poids de plusieurs kilogrammes, que le mineur le rencontre dans les ravines, sur le versant des collines qui forment les derniers échelons des montagnes de la Sierra-Nevada, et dans des espaces plus ou moins considérables, comprenant quelquefois d’immenses plateaux recouverts d’une couche épaisse de terre argileuse résultant du dépôt lent des eaux à diverses époques. L’or natif existe