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Une dernière classe de protestans se distingue plutôt par l’ardeur du zèle et la sévérité des règles que par la différence des croyances religieuses ; la plupart forment une nuance seulement, et quelques-uns une véritable secte du culte évangélique : ce sont les méthodistes. Un homme grave, et qui a laissé un nom vénéré dans l’église protestante, raconte comment ils sont arrivés en France. Nous le laisserons parler[1] : « Pendant la période qui suivit la loi du 18 germinal an X, on vit d’abord paraître, dit-il, quelques hommes qui avaient puisé des croyances et surtout des émotions religieuses plus profondes dans la société des frères moraves répandus en Allemagne. C’étaient en général des gens paisibles et inoffensifs qui dogmatisaient peu, qui se réunissaient en petit nombre sans éclat, sans prétention, avec un prosélytisme très doux et très modéré, et qui ne cessèrent jamais de se joindre au culte de notre église… La secte était empreinte de l’esprit contemplatif et doux du pays qui l’avait vue naître ; mais, dans un autre pays où la contemplation a dès long-temps cédé la place à l’action, où tout se traduit promptement en fait et en action, des sectes s’étaient élevées à côté de l’école dominante, pleines de l’esprit du pays, entées sur les dogmes les plus mystérieux du christianisme, conçus eux-mêmes dans le sens le plus mystérieux et le plus sacré… Leurs idées sur la Bible étaient empreintes d’un dogmatisme commode dans l’application, mais propre à conduire à l’exclusion, à l’intolérance, au moins à l’égard des opinions religieuses… Une longue guerre avec la Grande-Bretagne nous avait caché le mouvement des esprits, et nous nous figurions ce pays comme au temps de Hume et de Gibbon, lorsque les communications rouvertes par la paix nous le montrèrent animé d’un mouvement religieux très profond et très actif… Nous vîmes paraître, sur divers points de la France, des envoyés de plusieurs sociétés anglaises, qui parurent d’abord comme simples voyageurs, mais qui bientôt prolongèrent leur séjour dans les lieux où ils trouvaient un plus facile accès, y revinrent plus souvent, et quelquefois finirent par s’y fixer, tantôt prêtant secours, tantôt faisant concurrence au pasteur du lieu, tantôt se présentant comme simples missionnaires libres, tantôt profitant de quelques circonstances favorables pour s’introduire dans les fonctions ecclésiastiques de l’église réformée, sans rompre leurs liens avec la société qui les envoyait. Partout ils forment des associations, des réunions pieuses, dans lesquelles ils introduisent non-seulement les idées, mais la discipline et les formes de leur secte… Si l’on se demande quel est le but immédiat que se proposent les prédicateurs du méthodisme, je dirai qu’il faut distinguer. Je ne crois pas qu’il soit possible de douter que, surtout parmi les étrangers, plusieurs

  1. Vues sur le Protestantisme en France, par J.-L.-S. Vincent, l’un des pasteurs de l’église réformée de Nîmes. — 1829.