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très important de la foi mahométane est la croyance à une vie éternelle ; ainsi l’immortalité de l’ame est admise par les musulmans. Ils croient au paradis et à l’enfer. Dans ce dernier séjour, les peines seront graduées selon les fautes ; dans l’autre, les jouissances seront sans nombre pour ceux qui les auront méritées par leurs bonnes actions. Sans doute, il y a dans les biens éternels que Mahomet promet à ses élus quelque chose de grossier qui satisfait le corps bien plus que l’ame ; mais il ne faut pas perdre de vue que, pour Mahomet, cette vie promise aux bienheureux de son paradis était un moyen de persuasion, de prosélytisme, qui s’adressait à des peuples barbares, abrutis par nue idolâtrie sauvage. Tout dans l’islamisme n’est pas d’ailleurs matériel et grossier ; cette religion parle aussi à l’esprit et au cœur des croyans. L’une des plus strictes obligations imposées par Mahomet à ses disciples est celle de la charité. Voici à quel titre elle était recommandée : la prière et le jeûne portent les fidèles vers Dieu jusqu’à la porte du paradis, mais c’est l’aumône qui la leur fait ouvrir. Ce devoir est si bien reconnu par les musulmans, qu’on peut dire que personne n’y manque, et que dans aucun pays du monde peut-être la charité n’est aussi généralement exercée qu’en Turquie et en Perse.

Séparés de l’orthodoxie mahométane, les Persans sont extrêmement exaltés pour tout ce qui touche à la foi dissidente qu’ils Ont embrassée avec ferveur. Pourtant il faut reconnaître que leur fanatisme a quelque chose de plus intelligent, de moins brutal que celui des Turcs. Ainsi les Turcs ou sunnites ne souffrent pas qu’on mette en discussion un seul des dogmes de leur religion ; les Persans ou chiites, au contraire, se plaisent dans la controverse ; loin de l’éviter, ils la recherchent avec cette confiance que donnent une foi vive et un esprit délié. Aux yeux des Persans, les arrêts de la Providence ont bien la même force qu’aux yeux des Turcs : mais les premiers, tout en courbant la tête sous le joug de la fatalité, font tous leurs efforts, sinon pour empêcher