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l’occasion du malaise matériel provenant surtout de l’inévitable influence qu’exercent sur le taux des salaires la concurrence extérieure et les continuels soubresauts de la fabrique. Si le mal échappe ici à toute action immédiate, on doit du moins ne rien négliger pour en amoindrir les effets. Chaque résultat obtenu tournera au profit de l’union entre les divers agens de la production industrielle.

L’œuvre de la société de secours mutuels, qui s’adresse au cas de maladie, nous semble appeler une institution analogue créée également par la fabrique même pour venir au secours du travail durant ces chômages fréquens qui sont les maladies chroniques de la cité des soieries. Reconnue impuissante pour parer aux éventualités de la maladie, la prévoyance des ouvriers, abandonnée à elle-même, ne saurait pas davantage les prémunir contre les atteintes inopinées du chômage. La caisse d’épargne, qui n’ajoute rien aux économies individuelles, ne suffit pas pour les stimuler. Il importe de poursuivre la voie déjà ouverte par la caisse mutuelle et par la caisse des retraites. La caisse des prêts existant aujourd’hui, tout insignifiante qu’elle soit, pourrait être considérée comme un point de départ; mais l’institution s’élargirait en combinant, comme dans la société de secours mutuels, l’effort propre des membres participans avec une aide généreuse prêtée par le commerce local. Conçue dans des conditions pareilles, elle n’inspirerait aucun des dangers des associations de cette espèce fondées entre les ouvriers seuls et qui sont grosses de coalitions. La grande et riche fabrique du Rhône a prouvé qu’elle ne reculait pas devant les sacrifices nécessaires. Est-ce que la société même, la société générale, n’implique pas une série de sacrifices ininterrompus? Quand des avances faites aujourd’hui préparent la sécurité du lendemain, elles peuvent être à la fois un bon calcul et une bonne action. La chambre de commerce de Lyon ajouterait aux nombreux services qu’elle a déjà rendus en cherchant dans l’accord dont nous avons indiqué les bases un nouveau moyen de pacification.

Quelques fabricans animés des intentions les plus excellentes avaient déjà songé à l’établissement d’une société de patronage en vue d’amener entre les deux élémens de la production des rapports qu’il serait si désirable de voir régner entre eux. lis ont craint de ne pas être suivis sur ce terrain par la majorité des manufacturiers, et de rencontrer en outre, pour obstacle, la défiance des ouvriers. Ces craintes, quoique fondées sur certaines expériences, ne devraient cependant pas faire renoncer à toute nouvelle initiative de ce genre. L’idée de ce patronage se rattacherait d’ailleurs aisément à la création d’une société contrôles chômages. De tous les modes de patronage, ce serait le plus fécond elle plus sûr.

Quand on se préoccupe de réaliser de nouvelles améliorations, ce