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ne pas avoir à douter de la liberté de conscience, de la tolérance et de toutes les belles et nobles idées d’il y a quelques années; mais en vérité cela ne nous est pas possible. Les catholiques irlandais, dirigés de plus en plus par des prélats exclusivement ultramontains, sont les ennemis naturels de ces idées, et les protestans, qui de leur côté démolissent si bien les chapelles catholiques, ont l’air de s’en peu soucier. Quiconque a lu les proclamations et les exhortations de l’archevêque Hale et de l’archevêque Cullen sait à quoi s’en tenir sur le maintien de la paix religieuse. Les ultramontains ont remporté dans les élections irlandaises des triomphes signalés; ils ont fait passer leurs pamphlétaires les plus fougueux, leurs journalistes dévoués (nous en avons compté quatre, nombre inouï jusqu’à présent), et ils envoient aux communes une brigade bien compacte, bien enrégimentée, bien factieuse. Le protestantisme,. de son côté, et par protestantisme nous entendons cette fois l’église établie, l’anglicanisme, triomphe dans les élections anglaises. Un fait digne de remarque, c’est que les ennemis, les antagonistes de cette église, ceux qui en désiraient la réformation ou qu’on supposait lui être hostiles, ont tous été écartés dans les élections. Les peelites, les philanthropes, les sectaires libéraux, ont succombé. M. Cardwell, lord Mahon, M. Smythe, tous amis de la liberté religieuse et de la tolérance, ont échoué. M. Anstey, catholique bizarre et homme de talent, M. Fox, l’unitairien, M. Horsmann et M. Hardcastle, tous deux grands ennemis des abus ecclésiastiques, sir Edouard Buxton, philanthrope et réformiste religieux, ont été abandonnés par leurs électeurs. Ni le talent ni les services rendus n’ont trouvé grâce devant cette intolérance croissante, et les caractères concilians, en Angleterre comme en Irlande, ont été rejetés comme trop timides, trop faibles et trop hésitans. Les matières inflammables sont toutes l’assemblées et en quantité raisonnable, il ne manque plus que l’étincelle.

Les chambres hollandaises ont eu à s’occuper dans ces derniers temps de diverses affaires. Une de leurs dernières discussions tendait au rétablissement du système monétaire aux Indes orientales, où il est remplacé depuis assez long-temps par le papier-monnaie. Le gouvernement avait proposé de consacrer à la réalisation de cette mesure une somme de 33 millions de florins formés de monnaies d’argent et de cuivre dépréciées, d’un emprunt indien de 5 millions et de 12 millions provenant des bonis présumés des services indiens de 1852 à 1855. Ces combinaisons n’ont point reçu la sanction législative. Néanmoins le principe du rétablissement du système monétaire aux Indes a été consacré. Le gouvernement hollandais avait également soumis aux chambres la convention récemment conclue avec la France pour l’abolition de la contrefaçon des œuvres littéraires. La question était d’autant plus urgente, que la ratification devait être faite dans les trois mois; mais l’ardeur de la saison a mis en fuite pour quelques jours les députés. Maintenant les chambres vont se réunir de nouveau, dans les premiers jours d’août, afin de pourvoir aux mesures législatives les plus pressantes, et notamment à la ratification de la convention avec la France. Au milieu de tout cela, la crise ministérielle, après s’être prolongée quelques jours, s’est terminée par la nomination de M. Strens, procureur-général dans le Brabant hollandais, au ministère de la justice, et du général d’Ambenoy au ministère de la guerre.