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le port de Mazatlan, il a été vendu 93 piastres en 1850. Les propriétaires, de New-Almaden s’engagent à réduire leurs exigences dans le cas où le prix du mercure espagnol viendrait à baisser. Ils en ont envoyé jusqu’au Chili, où l’extraction de l’argent a pris une activité nouvelle. Ils peuvent en fournir au Pérou avec avantage, car le mercure de Huancavelica coûtait à Pasco, en août 1850,104 piastres le quintal. La mine de la Nouvelle-Almaden n’est pas la seule que l’on exploite en Californie. On y rencontre sur plusieurs points des affleuremens de cinabre ; mais dès à présent, et avant que la science ait exploré toutes les richesses de cette contrée, la Californie est en mesure de produire le mercure aussi bien que l’or.

La nouvelle de la découverte de mines de cinabre au Mexique, dans le voisinage de San-Luis de Potosi, s’est confirmée à Londres au mois de mars dernier. Sont-ce les anciens gisemens que leur pauvreté avait fait abandonner, ou bien a-t-on en effet trouvé un minerai qui rende, comme celui de la Nouvelle-Almaden, 50 pour 100 de mercure’ ? Voilà le point qu’il reste à éclaircir. En, attendant, le prix du mercure a baissé, dans le district de Guanaxuato, jusqu’à 40 piastres le quintal, et il se maintient à un taux qui oscille entre 56 et 55 piastres. En un mot, les conditions de l’exploitation sont désormais changées pour les mines d’argent. Une économie de 60 à 70 piastres par quintal dans les frais de l’amalgamation ne peut manquer d’éveiller l’esprit d’entreprise.

Une autre cause influera nécessairement sur l’extraction de l’argent, et cette cause n’est autre que l’abondance même de l’or. Si légère que soit la hausse qui en résulte par contre-coup, elle agira comme un levier sur le travail des mines. Quand on verra l’argent plus demandé, on rouvrira les galeries abandonnées, et l’on poussera plus activement l’exploitation de celles qui sont restées productives. Si les mines qui alimentent la circulation de l’urgent se trouvaient aujourd’hui épuisées, et que l’on ne pût pas en renouveler l’approvisionnement à d’autres sources, en quelques années l’argent obtiendrait la valeur de l’or, ou bien la valeur de l’or descendrait au niveau de celle de l’argent ; mais, tant que l’extraction, de l’argent n’a d’autres limites que le prix de la main-d’œuvre, la puissance des appareils et l’économie des procédés scientifiques, tout accroissement dans, la production de l’or qui n’est pas déterminé par des besoins accidentels et extraordinaires doit amener un accroissement correspondant dans la production de l’argent. N’est-ce pas là le spectacle auquel nous assistons depuis 1850 ? Qui oserait affirmer que l’or de la Californie n’est pour rien dans les progrès qu’a faits l’exploitation de l’argent au Mexique et au Chili ?

Au reste, l’extraction même de l’or ajoute à la masse de l’argent. Les mines d’argent ne sont pas toujours aurifères, et les plus riches en or n’en contiennent que des parcelles. Les mines d’or sont constamment