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talent dans une branche de l’art qui n’offre que peu de champ aux grandes qualités, à savoir la miniature. L’objet de nos éloges est un Écossais, M. Thorburn, déjà connu depuis plusieurs années par des portraits auxquels il sait donner une grandeur et une ampleur, une fermeté de dessin aussi, qui seraient remarquables dans toute espèce d’œuvre peinte, mais qui deviennent surprenantes de la part d’un pinceau si menu. Le style fort et original de ses ouvrages, et avec de tels matériaux, n’a point, que nous sachions, été jamais égalé. Il y a lieu de regretter qu’il dépense ces rares qualités pour des résultats si périssables.

On s’étonnera peu que la sculpture soit faible et négligée dans un pays qui commence seulement à se préoccuper du dessin et de l’art épique. La pierre et le marbre ne tolèrent plus rien d’analogue aux artifices usités de la couleur et du clair-obscur ; ils se prêtent d’ailleurs de mauvais gré aux pures gentillesses de forme ou aux capricieux chiffonnages. À moins d’être soutenu par une rigoureuse éducation et par une pensée sérieuse, l’artiste trouve son maillet bien lourd et son ciseau bien intraitable. Cependant l’indocilité même des matériaux semble avoir amené pour les sculpteurs la nécessité d’étudier, au moins jusqu’à un certain point, avant que les peintres arrivassent à en sentir l’utilité. Cette demi-discipline a produit des talens plus ou moins remarquables dans le buste et les figures de femme, bien qu’elle n’ait point été à la hauteur des compositions héroïques ou monumentales. Sur cent soixante-seize morceaux de tout genre qui composent toute l’exposition de la sculpture, cent neuf sont des bustes et des médaillons, ce qui réduit à soixante-sept le nombre des ouvrages où l’imagination demandait à être appuyée d’un talent plastique ou d’une science plus que rudimentaire. Dans cette dernière catégorie, nous avons noté une Figure couchée, pour un tombeau, par M. Westmacott, et deux statues par M. E.-H. Baily. Il y a aussi du mérite dans la Jeune Indienne de M. W.-C. Marshall et dans la Jeune Bergère de M. E.-B. Stephens.

Notre tâche serait à peu près terminée, si nous avions seulement voulu faire connaître les principaux talens du jour en Angleterre ; mais notre but a été aussi d’indiquer le mouvement général de l’art anglais en ce moment, et, en dehors de l’Académie, nous devons au moins mentionner cinq autres expositions publiques : deux de peintures à l’huile et trois d’aquarelles, dont une réservée aux ouvrages d’amateurs. Un total de deux mille morceaux, souvent du goût et du savoir-faire dans la classe des sujets qui ne dépassent pas, comme nous l’avons remarqué, la compétence des capacités moyennes, nombre d’œuvres enfin qui allaient aussi loin que l’habileté peut conduire, mais pas une seule composition historique d’un style élevé ou d’un mérite prééminent, voilà ce que nous avons rencontré dans ces diverses galeries.