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Veut-il, sur ces Lords, désormais.
Enchantant une république,
Par le doux lien des bienfaits,
Tout fixer à son sceptre unique? etc.


et un hymne de M. Romane sur l’air : Peuple français, peuple vaillant :

Le monde a salué tes fils.
Soleil, c’est aujourd’hui ta fête.
Vois Haïti mêler les lis
Aux palmes qui couvrent sa tête, etc.

La poésie latine se mit elle-même de la partie dans une pièce en distiques où abondent, ma foi! les bons vers, — les premiers vers latins, selon toute apparence, qui aient célébré la valse allemande :

Teutonicos gyros... vacua atria circum,


ou la chaîne anglaise, anglica vincla, ou la garde nationale défilant par deux l’arme au bras :

Urbanæ pubis ferreus ordo duplex,


sans compter la danse mimique du carabinier (numéros haïtiacos), dont les différens épisodes sont minutieusement et gracieusement décrits, et qui plaisait beaucoup, paraît-il, à nos jeunes enseignes :

Alipedes stupuit Francus vidisse puellas...

L’éruption se termina par une Épître à Charles X de M. Romane, épître qui débute avec une certaine largeur :

D’augustes souverains chaîne immense et sacrée,
O Bourbons, etc…


et où d’assez beaux vers se heurtent malencontreusement aux chevilles et aux lieux communs de l’écolier. — M. Romane était un écolier au pied de la lettre, « un jeune aiglon du Pinde » âgé « de trois lustres à peine, » bien qu’il n’en fût pas à son début poétique, et qu’avant de se laisser désarmer par la générosité de Charles X il se fût diverti à épouvanter les rois :

Mon vers armé d’un foudre épouvantait ces rois
Qui jamais aux sujets n’allégèrent leur chaîne :
Tu tonnais sous mes doigts, lyre républicaine
Qui rends des sons de mort pour l’effroi des tyrans
Et leur lances ta haine en accords foudroyans;
Mais un roi, de nos jours, digne du nom de sage,
A peine sur le trône, a forcé mon hommage...

Je n’ai pas découvert que le « jeune aiglon » fût devenu aigle; l’Epitre à Charles X ne fait pas moins époque dans l’histoire littéraire du