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suivant une remarque de M. Hume, dix-neuf lois ou parties de lois contre les imprimeurs, éditeurs et vendeurs de journaux non timbrés. Le ministère anglais prit le sage parti d’abaisser l’impôt du timbre de 40 centimes à 10 ; les journaux quotidiens diminuèrent aussitôt leur prix de tout ce qu’ils ne payaient plus au timbre, et avec cette réduction considérable disparut la différence de prix, qui seule faisait vivre les publications non timbrées. La fraude cessa d’exister dès qu’elle n’eut plus pour elle la séduction du bon marché.

La loi qui réduisait l’impôt du timbre fut mise en vigueur le 15 septembre 1836 ; elle eut pour conséquence immédiate un accroissement considérable dans la vente des journaux. Du 5 octobre 1835 au 5 avril 1836, les journaux avaient fait timbrer 14,874,652 feuilles ; du 5 octobre 1836 au 5 avril 1837, ils en firent timbrer 21,362,148. L’augmentation immédiate fut donc d’environ 50 pour 100. Aussi la perte du trésor, qu’on avait évaluée aux trois quarts de l’impôt perçu en 1835, ne fut-elle que d’un peu plus de moitié, et ne tarda pas à être entièrement couverte. En effet, le nombre des journaux s’accrut, et la circulation s’en développa dans une proportion bien plus forte encore. Dans l’année 1842, les seuls journaux anglais firent timbrer 50,088,175 feuilles. En 1848, voici quel a été le nombre des timbres délivrés aux journaux :


Timbres à 10 cent. Timbres à 5 cent,
Angleterre 67,476,768 8,704,236
Écosse 7,497,064 176,854
Irlande 7,028,956 44,702

D’après un relevé officiel imprimé par ordre de la chambre des communes, les journaux publiés en 1850 dans la Grande-Bretagne, en comprenant sous ce nom, sans distinction de forme et de mode de publication, tous les recueils périodiques autres que les revues et les magazines, s’élevaient à Londres à 133, dans les comtés d’Angleterre à 250, dans le pays de Galles à 17, en Écosse à 113, en Irlande à 110, total 623. M. Knight Hunt, qui n’a compris dans ses calculs que les journaux s’occupant de politique, donne pour l’année 1849 les chiffres suivans : à Londres 113, dans les comtés d’Angleterre et le pays de Galles 234, en Écosse 85, en Irlande 101. En y ajoutant encore les quatorze journaux qui paraissent dans les îles de la Manche et de l’Océan, il arrive à un chiffre total de 547. Un recueil mensuel, le Bentleys Miscellany, a calculé que les feuilles imprimées par les journaux quotidiens dans les douze mois de l’année 1849 auraient suffi à couvrir une surface de 349,308,000 pieds, et qu’en y ajoutant les journaux de semaine et de quinzaine de Londres et des provinces, en couvrirait une surface totale de 1,446,150.000 pieds carrés. Quelle puissance pourrait