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consulte du 7 novembre en laissait pressentir quelques-unes, tendant à combiner les institutions actuelles avec les exigences nouvelles de l’hérédité monarchique. Très probablement ces modifications sont l’objet d’une étude spéciale. C’est le sénat, on ne l’ignore pas, qui est appelé à les sanctionner ou à les voter. Sur un seul point, le gouvernement a cru utile de faire précéder les délibérations du sénat de quelques explications : c’est sur la liste civile, et en ce moment même vient de paraître le sénatus-consulte qui statue définitivement à ce sujet. La liste civile de l’empereur est fixée à la somme de 25 millions, et les biens de la couronne reviennent naturellement en jouissance au souverain, qui en dispose suivant les règles ordinaires en pareil cas. De plus, une dotation de 1,500,000 francs est attribuée aux princes de la famille impériale éventuellement appelés à l’hérédité. C’est le chef de l’état qui a le droit de répartir cette dotation. L’empire d’ailleurs a été inauguré par quelques actes d’un autre genre, tels que la nomination de trois maréchaux et divers décrets d’amnistie en faveur de condamnés politiques et de la presse. Les avertissemens infligés jusqu’ici aux journaux ont été notamment annulés. Le bénéfice de cette annulation s’étend encore à d’autres peines prononcées judiciairement contre la presse, et nous ne demandons pas mieux que de voir l’arme administrative comme l’arme judiciaire se rouiller dans le fourreau. La presse elle-même peut contribuer à ce résultat sans s’affaiblir ; l’intérêt qu’elle ne peut trouver dans la polémique politique, elle peut le regagner en entrant de plus en plus dans une voie où tout semble l’appeler aujourd’hui, en s’attachant aux grandes questions morales et matérielles, à la discussion de tous les intérêts qui restent l’élément essentiel et fondamental du développement de notre pays.

Nous parlions récemment de l’extension qu’était sur le point de prendre la banque foncière de Paris. Cette mesure est aujourd’hui réalisée dans les conditions que nous signalions. La banque parisienne devient une banque du crédit foncier de la France, et ses opérations, au moyen de succursales, embrassent tout le territoire. Les statuts de la société nouvelle sont maintenant publiés : son capital est porté à 60 millions, et ses prêts pourront s’élever au-dessus de la somme de 200 millions, qui avait été primitivement indiquée, mais qui était évidemment insuffisante dans l’état de la dette hypothécaire qui grève la propriété française. C’est là, sans aucun doute, une des institutions appelées à être le plus populaires, parce qu’elle répond à un besoin véritable. Il est à souhaiter que les résultats soient en rapport avec les espérances qu’elle a pu faire naître tout d’abord. Le crédit foncier était devenu une de ces questions sur lesquelles il y avait, comme on dit, quelque chose à faire, après toutes les études et les discussions théoriques qui s’étaient produites à ce sujet. Maintenant l’expérience est en train de s’accomplir, et c’est l’expérience qui prononcera. Qu’on nous permette seulement d’ajouter à l’institution nouvelle une recette qui ne peut lui nuire et qui nous était donnée récemment par un agriculteur fort peu au courant des théories : le meilleur système de crédit foncier, disait-il, c’est le travail, l’esprit de conduite et l’économie ; avec cela, à moins de malheur, on n’emprunte pas, — et l’honnête campagnard, dans son économie politique un peu rudimentaire, pouvait bien avoir raison. Il mettait le doigt sur une très sérieuse plaie de ce