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vice dans les réserves est de deux ans ; les volontaires ne sont engagés que pour trois ans, — et dans certaines conditions pour un an seulement. En 1850, on s’est aperçu qu’on manquait surtout d’officiers et de sous-officiers, et la même lacune s’est fait sentir dans la landwehr. Pour remédier à ces défauts, la Prusse a porté, pour 1852, le budget de l’armée de 27,298,374 à 29,185,024 thalers.

La marine de guerre de la Prusse ne comprend encore que 50 navires avec 150 canons. Sa marine marchande est plus considérable ; elle compte 812 grands navires jaugeant 130,666 lasts, et 531 navires côtiers jaugeant 7,303 lasts ; elle est par conséquent la plus importante de l’Allemagne. Les côtes de la mer Baltique fournissent à la Prusse un nombre considérable de matelots fort estimés par les navigateurs. La Prusse possède de plus une grande quantité de bois de construction, et peut construire des navires à moins de frais qu’aucun autre pays de l’Europe. Le port d’Elbing fait les transports à meilleur compte que celui de Trieste. Les vivres pour l’approvisionnement des navires sont à très bon marché, et la marine marchande de la Prusse s’est maintenue malgré les droits très élevés perçus au détroit du Sund, malgré les chemins de fer et malgré la concurrence que l’Égypte et les États-Unis ont faite au commerce de la mer Baltique, par suite du changement du tarif d’importation des céréales en Angleterre[1].

L’administration financière de la Prusse est, comme l’on sait, un modèle. La dette publique n’est que de 191,776,532 thalers. Les recettes de 1851 étaient de 93,294,959, les dépenses de 96,367,532 thalers. Les finances de la Prusse sont dans un état assez florissant pour qu’on ait pu réduire le taux de l’intérêt de 5 pour 100 à 4 et demi pour 100, et la valeur du papier-monnaie n’a pas baissé même de 1848 à 1850. L’administration des postes est surtout excellente. Le ministre du commerce, M. von der Heydt, et le directeur général des postes, M. Schmückert, ont travaillé sans relâche à l’amélioration des services importans dont la direction leur est confiée.

  1. Les revenus du Danemark provenant des droits perçus au détroit du Sund se montent à 2 millions et demi de thalers par an. En 1851, le Sund fut franchi par 19,944 navires ; sur ces traversées, 2,652 ont été faites par des navires prussiens. La Prusse ne possédant que 872 navires marchands, chacun des navires a donc en moyenne payé les droits du Sund trois fois dans une seule année. Durant les cinq dernières années, le Sund fut franchi en moyenne par 900 navires du Mecklenbourg, 780 du Hanovre, 150 d’Oldenbourg, 92 de Lubeck, 70 de Brème et 24 de Hambourg. La jonction de la Mer du Nord avec la mer Baltique, qui donnerait un essor considérable au commerce sur cette dernière, se ferait très facilement par l’agrandissement du canal de Kiel ou par l’élargissement de la Schlei ; mais le Danemark n’y consentira jamais. Lors de l’affaire du Schleswig-Holstein, on n’a pas assez remarqué en France que la Russie a un grand intérêt au maintien des droits du Sund, qui, abstraction faite de l’importance politique de ce passage, sont un grand obstacle à la prospérité du commerce de la mer Baltique.