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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

courage à toute épreuve, et, après la mort du comte de Brandebourg, il devint président du conseil et ministre des affaires étrangères. Depuis ce temps, il n’a cessé de s’occuper avec un zèle infatigable de tous les intérêts du royaume, dont il a traversé les différentes crises avec une remarquable fermeté.

Les conférences de Berlin étaient, dès le début, frappées de stérilité, puisqu’on s’était engagé à traîner pendant huit mois les négociations en longueur. Le cabinet de Berlin répondit aux états coalisés par une note qui n’amena aucun résultat.

Au mois de mai 1852, M. de Bismark-Schoenhausen, représentant de la Prusse à la diète de Francfort, fut envoyé en mission extraordinaire à Vienne, que le ministre de Prusse en congé avait quittée momentanément. Cette mission fit croire que la Prusse voulait s’entendre avec l’Autriche au sujet d’une union douanière. Il est cependant facile de voir que non-seulement les intérêts matériels de la Prusse, mais aussi son honneur, étaient trop sérieusement engagés pour comporter une pareille démarche ; aussi, lorsqu’on accusa le cabinet de Berlin de vouloir faire des concessions à l’Autriche, il s’éleva de toutes ses forces contre une telle imputation. Le gouvernement prussien prorogea les conférences du congrès douanier au 16 août, et dans une note du 20 juillet il fixa aux membres du congrès le jour de la réouverture comme terme de rigueur pour s’expliquer sur la réunion du Steuerverein au Zollverein, ainsi que sur la question d’une union austro-allemande. « Le second point, disait le cabinet de Berlin, est d’une importance décisive. Il consiste à faire adopter généralement le principe que les négociations avec le cabinet de Vienne, qui se borneraient à un traité douanier et commercial, ne soient ouvertes qu’après la conclusion du traité sur le renouvellement et l’extension du Zollverein. » Les coalisés de Darmstadt répondirent par une note dans laquelle ils reproduisirent les mêmes argumens qu’ils avaient déjà tant de fois opposés au gouvernement de Berlin ; ils ajoutèrent qu’ils ne croyaient pas pouvoir prendre des résolutions obligatoires au sujet du renouvellement du Zollverein et de l’accession du Steuerverein avant de connaître quelles seraient les conditions du traité douanier et commercial à conclure avec l’Autriche, et de quelle manière la future union avec cette dernière puissance pourrait être assurée.

Il serait plus qu’inutile de s’appesantir sur les détails de toutes les réunions que les diplomates allemands ont tenues depuis l’échange de ces notes, pour délibérer sur leur ligne de conduite. Dans les conférences tenues tantôt à Kissingen, tantôt à Stuttgart, on eut plus d’une occasion de remarquer combien les gouvernemens de Wurtemberg et de Bade hésitaient à rester dans la ligue contre la Prusse. Enfin le 21 août dernier, à la réouverture du congrès de Berlin, les plénipo-