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LE ZOLLVEREIN ET L’UNION AUSTRO-ALLEMANDE.

Cette note a été diversement interprétée. Les uns prétendaient que la Prusse y faisait une concession à l’Autriche en acceptant pour base des négociations le projet de Vienne ; les autres, au contraire, ne voyaient dans la note du gouvernement prussien que le maintien pur et simple de son programme, mais enveloppé dans des formes qui pourraient faire croire à des concessions. Le gouvernement autrichien paraît avoir été peu satisfait de la nouvelle note du cabinet de Berlin, et on a dû s’attendre plutôt à des complications nouvelles qu’à un arrangement prochain.

La situation dans laquelle vient de se placer la Prusse à l’égard de l’Autriche n’a rien qui doive surprendre ; elle a du moins sa justification dans un fait qu’on n’a pu oublier. Lorsque la Prusse voulut former ce qu’on a appelé l’union restreinte, elle entama des négociations avec l’Autriche, qui avait cependant déclaré ne pas pouvoir entrer dans la formation d’un état fédératif. Le 10 mai 1849, la Prusse envoya à Vienne M. de Kanitz, ancien ministre des affaires étrangères ; mais le 16 mai le cabinet de Vienne répondit qu’il ne pouvait rien décider relativement à un état fédératif qui n’existait pas encore. Il y a une contradiction évidente entre cette déclaration et la demande actuelle de l’Autriche d’être admise dans une union douanière qui n’est pas encore reconstituée. L’attitude adoptée par la Prusse vis-à-vis des gouvernemens de la confédération se déduit d’elle-même. Le traité de Darmstadt plaçait le congrès de Berlin en face de difficultés insolubles. Il importait au cabinet prussien de ne pas prolonger une pareille situation : le commerce languissait, et l’opinion publique demandait hautement que le gouvernement persistât dans la voie ferme où il était entré. La réponse que les états coalisés devaient faire à la note du 30 août 1852 n’étant pas encore arrivée à Berlin, même après le 13 septembre, on comprend que le gouvernement prussien ait envoyé le 27 du même mois, à ses agens auprès des différentes cours, une circulaire par laquelle il déclare ne plus vouloir traiter collectivement avec les gouvernemens coalisés, ce qui équivaut à une dissolution du congrès. Le gouvernement de Berlin fait cependant entrevoir qu’il est prêt à entrer en négociations par la voie diplomatique ordinaire. En prenant cette décision, le cabinet prussien avait probablement déjà connaissance de la réponse que la coalition avait rédigée à Munich, et par laquelle elle repoussait les dernières propositions de la Prusse. À l’heure qu’il est, les négociations se poursuivent individuellement entre les différens états ; mais il est vraisemblable que l’Autriche convoquera un nouveau congrès douanier à Vienne. Ainsi donc il a été impossible de s’entendre. D’une part, le midi de l’Allemagne maintient ses exigences, appuyé sur l’Autriche ; de l’autre, le nord reste en expectative, persuadé qu’il a atteint la limite des concessions compatibles avec les vrais intérêts du