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ment après les vice-présidens sont pris dans l’opinion catholique. On peut donc se demander où est aujourd’hui la majorité dans le parlement belge. Reste, il est vrai, la dissolution des chambres, qui seule peut remédier à cette neutralisation perpétuelle des partis ; mais une dissolution en ce moment, c’est encore l’incertitude, l’ajournement des plus sérieuses affaires, un nouveau délai dans la reprise des négociations avec la France. C’est ce qui fait que, dès la première heure de cette crise, le roi Léopold a songé, avec un grand bon sens, à choisir son cabinet en dehors du parlement. Un moment, un ministère s’était formé, comme nous le disions l’autre jour, sous la direction de M. Henri de Brouckère ; ce ministère est mort avant d’avoir vécu, justement pour n’avoir pas voulu lier son existence à la nomination de M. Delfosse, comme président de la chambre. Il s’en est suivi une combinaison nouvelle qui réunissait le général Prisse, M. le baron de Vrière, gouverneur de la Flandre occidentale, M. Alphonse Nothomb, frère de l’ancien ministre, M. Noël, directeur des ponts et chaussées. Cette combinaison présentait toutes les chances, lorsque M. Henri de Brouckère vient, assure-t-on, d’être rappelé par le roi. Quoi qu’il en soit, un cabinet ne peut manquer d’être formé à Bruxelles d’un jour à l’autre. Ce qu’on peut ajouter, c’est que ce ne sera point un cabinet politique choisi dans une fraction tranchée du parlement, et c’est justement parce que ce ne sera point un cabinet politique qu’il peut avoir quelques chances. D’ailleurs il n’est point impossible qu’il ne se produise dans les chambres belges quelque prochaine évolution des partis. Une fraction de la droite semble décidée à appuyer le nouveau cabinet, quel qu’il soit. Au-dessus de tout reste le grand et réel intérêt qui donnera naissance au ministère attendu, et qui constituera sa mission et sa force : c’est la nécessité de renouer avec la France. Cela est si bien dans la pensée de tout le monde, que l’un des premiers actes du cabinet nouveau sera infailliblement de soumettre aux chambres les conventions du 22 août et de contresigner la nomination d’un ambassadeur à Paris, qui doit être, selon toutes les probabilités, M. le prince Joseph de Chimay, homme d’un caractère élevé et conciliant. M. le prince de Chimay serait chargé de renouer les négociations avec la France pour un traité de commerce.

Quand on jette les yeux sur l’Italie, sur une partie de l’Italie du moins, ce ne sont plus des crises parlementaires qu’on a à constater, ce ne sont pas, à proprement parler, des événemens politiques. Il ne reste rien de ce mouvement dramatique et passionné des années où la guerre contre l’Autriche et la révolution marchaient ensemble. Ce qui reste, ce sont des procès criminels qui se jugent un peu partout, terrible et laborieuse liquidation de ces temps étranges. Dans la Lombardie, comme dans les états pontificaux, les jugemens, et par malheur aussi les exécutions, ne cessent d’avoir de temps à autre un retentissement sinistre. À Naples, le grand procès instruit à l’occasion des événemens du 15 mai 1848 vient d’avoir son dénouement. Ce sont encore des condamnations, dont plusieurs capitales. Seulement, ce qu’il faut ajouter à l’honneur du souverain, c’est que de ces condamnations aucune ne paraît devoir s’exécuter. La justice a suivi son cours, la clémence aura le sien, et la clémence, à tout prendre, peut être encore une bonne politique. Dans tous les cas, elle arrête l’effusion du sang humain après la lutte. Aussi bien,