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La voici, la mer sans bornes!
Vers ces solitudes mornes
Le fleuve emporté
Dans l’océan, but suprême,
Tombe, sans accroître même
Cette immensité.

Sur cette vaste étendue.
Goutte d’eau trouble perdue
En ces grandes eaux,
Tu feras dans les tourmentes
Sous tes vagues écumantes
Sombrer les vaisseaux.

Ton eau toujours inquiète
Recèlera la tempête.
Ils seront amers,
Tes flots calmes et limpides;
Un jour ils seront perfides
Comme l’eau des mers !


II.


J’ouvre d’une main curieuse
La cassette mystérieuse.
Confidente de nos amours,
Qui contient dans ses flancs avares.
Comme un écrin de perles rares,
Le souvenir de nos beaux jours :

Débris chers et sacrés, elle nous abandonne!
Adieu nos rêves morts et nos bonheurs perdus!
Son amour a passé comme un soleil d’automne :
Elle ne m’aime plus!

Voici la marguerite pâle
Que couronne un dernier pétale.
Oracle cher aux amoureux;
Nous l’avons effeuillée ensemble
Dans la prairie, au pied d’un tremble,
Et le présage fut heureux.

Elle m’aime, dis-tu, magicienne perfide!
Ah! qui l’aurait pensé que deux ans révolus
Auraient tari l’amour dans un cœur si candide?
Elle ne m’aime plus!