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REVUE. — CHRONIQUE.

passant en revue avec un chercheur tout le ciel occidental le soir, et le ciel oriental le matin, — compter et observer les étoiles filantes pour déterminer les variations horaires de leur nombre, — noter l’apparition des aurores boréales et leur effet sur l’aiguille aimantée, — suivre les apparitions de la lumière zodiacale au printemps et à l’automne, et son étendue dans le ciel, — même chose pour la voie lactée afin d’avoir la mesure de la transparence de l’atmosphère, — observer et photographier les taches du soleil et les divers accidens de sa surface, — comparer entre elles avec précision les diverses étoiles, quant à leur éclat, au moyen des procédés exacts de M. Arago, — en supposant l’observateur en possession d’une lunette suffisamment forte, faire la géographie de la lune, — observer les taches, les phases et les particularités physiques des planètes, — étudier en détail diverses parties de la voie lactée, et compter les étoiles dans chaque espace qu’embrasse le champ de la lunette pour connaître leur distribution jusqu’à un certain ordre de grandeur, — voir passer les ombres des satellites sur les planètes et en tirer des résultats divers, — suivre le mouvement des taches de ces planètes et la chute des neiges aux deux pôles de Mars, — observer les curieuses variations de l’anneau de Saturne, — veiller à la réapparition des comètes périodiques (celle de Brorsen a passé sans être aperçue, en 1851, et a été ajournée à 1857) ; — en général, suivre toutes les observations qui n’entrent pas dans le plan régulier des travaux des grands observatoires, surtout si l’on peut porter des lunettes à de grandes hauteurs où l’atmosphère opposerait moins d’obstacles à la vision parfaite des corps célestes.

Enfin, si l’on suppose un amateur en possession d’un seul bel instrument spécial, comme cela a lieu dans les observatoires privés d’Angleterre, il pourra pousser plus loin qu’aucun autre astronome la partie de la science pour laquelle il aura installé son instrument spécial ; mais le prix toujours très élevé d’un pareil instrument, et surtout le zèle et la persévérance qu’il faut avoir pour l’utiliser, ne permettent pas d’espérer que le nombre des travailleurs bénévoles soit de longtemps au niveau des besoins de la science. Là cependant est une perspective certaine de gloire pour l’amateur habile, d’utilité pour la science et d’honneur pour notre pays.

Passons à une réclamation en faveur des comètes qui a été faite à l’occasion de ce qui a été dit sur le peu d’influence physique des comètes sur la terre. On nous accuse d’avoir trop déprécié ces astres curieux. Réparation d’honneur, pourvu qu’il soit bien constaté qu’ils ne peuvent exercer aucune action ici-bas, et que la terre, dût-elle traverser une comète tout au travers, ne s’en apercevrait pas plus que si elle traversait un nuage qui serait cent mille millions de fois plus léger que notre atmosphère, et qui ne pourrait pas plus se faire jour au travers de notre air que le souffle d’un soufflet ordinaire ne pourrait traverser une enclume.

Certainement, lorsque Newton appliqua les lois de l’attraction aux comètes, lorsque lui et Halley trouvèrent la forme de l’orbite de ces corps, ce fut une belle vérification de la plus grande découverte de l’esprit humain ; — lorsque, en 1838 et en 1848, la comète de Encke nous donna la mesure de Mercure, dont la masse était inconnue jusque-là, ce fut un beau résultat scientifique ; mais le monde non-astronomique s’en émut-il ? En 1835, la belle comète de Halley, qui revient tous les soixante-seize ans, fit-elle grande sensation ? Évi-