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BEAUX-ARTS.




LA CHAPELLE DE L’EUCHARISTIE A NOTRE-DAME DE LORETTE.




Je ne voudrais proposer à personne l’exemple de M. Périn, car cet exemple est trop difficile à suivre, et le courage manquerait aux plus hardis pour s’engager dans la voie qu’il a choisie. Il y a vingt ans que M. Périn est chargé de décorer à Notre-Dame-de-Lorette la chapelle de l’Eucharistie, et depuis ving t ans il n’a pas perdu un seul jour. Il a voulu accomplir la tâche qui lui était échue avec un dévouement sans limites. Tous les artistes, tous les amis de l’art doivent le remercier de sa persévérance, mais je n’oserais inviter personne à marcher sur ses traces, car pour suivre un tel conseil il faut ne pas attendre le prix de son travail, et bien peu d’artistes se trouvent placés dans une telle condition. M. Périn s’est enfermé dans son œuvre avec la ferme résolution de donner dans cette œuvre unique la mesure complète de ses facultés, et je dois dire que cette résolution lui a porté bonheur. Il a fait sa chapelle comme les poètes d’autrefois faisaient leur livre, et ne s’est pas inquiété des succès bruyans dont le monde s’occupe un jour pour n’y plus songer le lendemain; or, pour s’isoler ainsi, il faut un singulier respect pour la tâche acceptée, une estime profonde pour les juges à qui l’on veut offrir son œuvre, et en même temps une sincère défiance de soi-même. C’est par ces trois motifs que j’explique la persévérance de M. Périn.

Le dirai-je cependant? je crois que M. Périn a dépassé le but en prodiguant toutes ses forces pour l’atteindre plus sûrement. Il n’a rien négligé pour réunir tous les élémens d’information dont il avait besoin, mais je crois qu’il ne s’est pas arrêté à temps. Au lieu de s’en tenir