Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 1.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ces trois races tendent aujourd’hui à absorber toutes les autres et à envahir la Grande-Bretagne tout entière. Quelques variétés locales persistent cependant et se développent à part : telles sont celle des marais de Romney dans le comté de Kent, celle des plateaux ou cost-wolds du comté de Glocester, les races de Lincoln et de Teeswater à laine longue, celle de Dorset et de Hereford à laine courte, etc. Toutes ces espèces sont améliorées par des procédés analogues à ceux qui ont été suivis pour les Dishley, les South Downs, et les Cheviot. Dans toute l’Angleterre, l’éleveur de moutons s’attache avant tout aujourd’hui, soit en perfectionnant sa race par elle-même, soit en la croisant avec d’autres déjà perfectionnées, soit en substituant l’une de ces races à la sienne, suivant que l’un ou l’autre de ces moyens lui paraît plus efficace, à augmenter la précocité et à arrondir les formes de ses produits. On peut dire que le génie de Bakewell a pénétré tous ses compatriotes.

Essayons maintenant de comparer approximativement les produits annuels que les deux pays retirent de ce nombre égal de moutons.

La production de la laine doit être en France de 60 millions de kilos environ; la même production est évaluée en Angleterre à 550,000 packs de 240 livres anglaises, soit encore 60 millions de kilos. Les deux pays seraient donc sur un pied d’égalité pour la laine; mais l’Angleterre prend le dessus dans une proportion énorme dès qu’il s’agit de la viande.

On abat tous les ans dans les îles britanniques environ 10 millions de têtes, dont 8 millions en Angleterre seulement, qui donnent, au poids moyen de 36 kilos de viande nette par tête, 360 millions de kilos.

On doit abattre en France environ 8 millions de têtes qui, au poids moyen de 18 kilos de viande nette, c’est-à-dire la moitié des moutons anglais, donnent 144 millions de kilos.

D’où il suit que le produit des 35 millions de moutons français serait représenté par les chiffres suivans :

Laine : 60 millions de kilos.

Viande : 144 —

Et le revenu des 35 millions de moutons anglais par ceux-ci :

Laine : 60 millions de kilos.

Viande : 360 —

Le second de ces deux totaux est le double de l’autre.

Sans doute ces chiffres ne sont pas d’une exactitude mathématique; mais ils se rapprochent assez de la vérité pour donner une idée suffisante des faits généraux. J’ai plutôt réduit qu’accru les