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que la terre anglaise est à peu près affranchie d’impôts, et que les taxes indirectes y forment tous les revenus publics. C’est une grande : méprise. Nulle part, au contraire, la terre ne supporte un aussi lourd fardeau qu’en Angleterre. Seulement, ce n’est pas l’état qui perçoit ce que la terre paie directement, ou du moins il n’en revenait presque rien à l’état avant l’établissement de l’income tax. L’impôt direct à son profit n’était représenté que par une taxe insignifiante que les propriétaires ont rachetée en grande partie, le land tax ; mais si les taxes indirectes forment presque tout le revenu de l’état, les impôts directs n’en existent pas moins sous la forme de taxes locales.

Ces impôts sont au nombre de trois, la taxe des pauvres, les taxes de paroisse et de comté, qui équivalent à nos revenus des communes et des départemens, et la dîme de l’église. La taxe des pauvres s’élevait encore, il y a cinq ans, malgré tous les efforts qui avaient été faits pour la réduire, à 6 millions sterling ou 150 millions de francs pour la seule Angleterre. Les taxes de paroisse et de comté, pour les chemins, les ponts, la police, les prisons, etc., dépassent encore, pour l’Angleterre seule, 4 millions sterling ou 100 millions de francs, en tout 250 millions. La propriété rurale paie à elle seule plus des deux tiers de cette somme. En y joignant la partie non rachetée du land tax, qui s’élève pour l’Angleterre à 25 millions de francs, et enfin la troisième charge de la propriété rurale anglaise, la dîme, autrefois variable et arbitraire dans sa perception, et qui, depuis sa commutation en une rente à peu près fixe, atteint au moins 175 millions, on trouve un total de 375 millions, soit, pour les 15 millions d’hectares de l’Angleterre et du pays de Galles, une moyenne de 25 francs par hectare, ou 8 shillings par acre.

Cette moyenne elle-même ne donne qu’une idée inexacte du fardeau qui pèse sur certains points du sol anglais. Une partie de la dîme ayant été rachetée aussi bien qu’une partie du land tax, la taxe des pauvres étant aussi très inégalement répartie, puisqu’elle n’est point centralisée et quelle suit les variations du paupérisme d’après les localités, il s’ensuit que certaines régions sont fort au-dessous de la moyenne, et certaines autres fort au-dessus. Il n’est pas rare de trouver en Angleterre des terres qui paient jusqu’à 50 fr. l’hectare de taxes de toute sorte.

L’Irlande et l’Ecosse sont moins surchargées, l’Ecosse surtout ; la plupart des taxes anglaises y sont inconnues. L’Ecosse paie environ 12 millions de francs, et l’Irlande 38. Voilà 425 millions pour le ; royaume-uni payés par la terre proprement dite.

L’impôt foncier sur le sol, déduction faite des propriétés bâties, s’élève en France, en principal et centimes additionnels, et en y comprenant la prestation en nature pour les chemins, à 250 millions