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Je ne suis point porté à peindre en noir notre condition morale… je ne désespère pus, je suis loin de désespérer. Parmi des présages menaçans je discerne des augures favorables, j’aperçois les remèdes et des influences qui peuvent combattre le mal. Je sais que ce qu’il y a de vicieux dans notre système fait plus de bruit et d’étalage que ce qui est sain. Je sais que les prophéties qui annoncent la ruine de nos institutions viennent en général des hommes exclus du pouvoir, et que beaucoup de prédictions sinistres doivent êtres mises sur le compte du désappointement et de l’irritation. Je suis sûr qu’un péril pressant réveillerait l’esprit de nos pères dans beaucoup de ceux chez qui cet esprit sommeille en ces jours de calme et de sécurité. Je pense qu’avec tous nos défauts, une plus grande somme d’intelligence, de sévérité morale, de respect de soi-même est répandue parmi nous que dans toute autre société. Cependant je suis forcé de reconnaître qu’une corruption qui menace la liberté et nos plus chers intérêts, qu’une politique qui peut donner à cette corruption un encouragement nouveau et durable, multiplier indéfiniment les crimes publics et particuliers, doivent être signalées comme la plus grande calamité qui nous puisse frapper. La liberté livre ses batailles dans le monde avec assez de chances défavorables : n’en donnons pas de nouvelles à ses ennemis. »

Détournons nos regards de ces perspectives alarmantes pour jeter un coup d’œil sur plusieurs établissemens scientifiques d’un véritable intérêt : l’institut de Smithson, le Patent-Office, où sont les modèles de toutes les machines inventées aux États-Unis, et un musée ethnographique ; enfin l’observatoire et l’établissement dans lequel on grave les cartes marines et terrestres du littoral des États-Unis.

L’institut de Smithson, qui porte le nom d’un particulier dont la munificence l’a fondé, est un établissement fort bien entendu ; il a déjà rendu et il est appelé à rendre de vrais services à la culture des sciences aux États-Unis. Les fonds dont il est dépositaire ont plusieurs emplois distincts : on y forme une bibliothèque, on y fait des cours. Le but principal est de publier des travaux scientifiques contenant des faits nouveaux. C’est dans les deux premiers volumes de la collection publiée par l’institut qu’ont paru les recherches de MM. Davies et Squier sur les curieuses antiquités dont j’ai parlé, les travaux de M. Hitchcock sur les pas fossiles, qui lui ont permis, d’après ces vestiges conservés à travers les siècles, de reconnaître et de classer un assez grand nombre d’espèces perdues. L’institut ne se borne pas à publier les résultats des recherches scientifiques, il en provoque de nouvelles ; il a organisé un système d’observations météorologiques sur l’étendue presque entière des États-Unis. Déjà, de cent