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autre partie de l’établissement a été placée une collection d’armes, de vêtemens, d’instrumens, etc., appartenant aux sauvages de l’Amérique ou aux insulaires de l’Océan Pacifique, et aussi certaines choses qui n’ont rien à faire dans le musée, comme je le dirai bientôt.

On est très libéral pour les brevets d’invention. Le gouvernement américain les accorde à un prix moins élevé que ne le font les principaux gouvernemens de l’Europe ; mais, après avoir commencé par refuser le droit d’obtenir un brevet à tous les étrangers, on en est encore à leur faire payer ces brevets plus cher qu’aux natifs, ce qui ne me semble pas très raisonnable, car il est dans l’intérêt d’un pays que les étrangers viennent lui apporter le profit de leurs inventions. Au reste, même en Amérique, on réclame contre cet abus, né de la tendance fâcheuse qu’on appelle ici le nativisme.

Les Américains ont déjà mis dans le monde un certain nombre d’inventions importantes et dans tous les genres. À l’industrie ils ont donné la machine à séparer la graine de coton, imaginée par Whitney, et dont les résultats ont été immenses ; à l’agriculture, la machine à moissonner ; à la guerre, les revolvers, ces fusils et pistolets au moyen desquels on peut charger à la fois et tirer sans interruption douze coups de suite ; à la médecine, le chloroforme. Ils ont les premiers établi sur une grande échelle la navigation à la vapeur et le télégraphe électrique pour les communications du commerce et de la pensée. L’agriculture provoque aussi bien que l’industrie l’esprit inventif des Américains : dans une seule année, on a accordé des brevets d’invention à 2,043 inventeurs d’instrumens agricoles.

Les modèles de machines du Patent-Office auraient besoin d’être mieux exposés, comme le sont par exemple ceux du Conservatoire des arts et métiers de Paris. À Washington, on les entasse dans des armoires, d’où, il est vrai, on les tire sur la demande de ceux qui désirent les étudier ; mais l’effet général est nul, et l’on peut être curieux de considérer des machines sans avoir d’études à faire sur l’une d’elles en particulier. Si j’en jugeais par le seul de ces modèles que j’ai pu comparer avec ce qu’il représente, — le modèle de la machine à moissonner, — je dirais qu’ils sont trop petits et ne donnent pas une idée assez complète de l’original.

La collection du Patent-Office renferme un grand nombre d’objets intéressans, mais disposés sans beaucoup d’ordre. On trouve là pêle-mêle des os fossiles, des minéraux, des animaux empaillés, des poissons dans des armoires, où ils sont presque aussi invisibles que lorsqu’ils habitaient les profondeurs de l’océan. L’habit de Jackson figure parmi ces curiosités de toute sorte. J’avoue que j’ai peu de goût pour la défroque des personnages célèbres. On a dit qu’il n’y avait point de grand homme pour son valet de chambre ; or, en présence d’un vieux