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JEAN-JACQUES ROUSSEAU
SA VIE ET SES OUVRAGES.


VI.[1]

LA NOUVELLE HÉLOÏSE.

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La Nouvelle Héloïse eut un grand succès, quand elle parut. « Tout Paris, dit Rousseau dans ses Confessions[2], était dans l’impatience de voir ce roman ; les libraires de la rue Saint-Jacques et celui du Palais-Royal étaient assiégés de gens qui en demandaient des nouvelles. Il parut enfin, et son succès, contre l’ordinaire, répondit à l’empressement avec lequel il avait été attendu… Les sentimens furent partagés chez les gens de lettres, mais dans le monde il n’y eut qu’un avis, et les femmes surtout s’enivrèrent du livre et de l’auteur, au point qu’il y en avait peu, même dans les hauts rangs, dont je n’eusse fait la conquête, si je l’avais entrepris. J’ai de cela des preuves que je ne veux pas écrire, et qui, sans avoir eu besoin de l’expérience, autorisent mon opinion. » Cette étrange fatuité de Rousseau est un signe curieux du succès de la Nouvelle Héloïse dans le monde d’élite, c’est-à-dire dans le monde où se fait le succès des livres ; voici maintenant pour le succès populaire : dans les premiers jours de la publication, on louait le livre en lecture à raison de douze sols par heure.

  1. Voyez les livraisons du 1er  janvier, du 15 février, du 1er  mars, du 1er  août et du 15 novembre 1852 les premiers chapitres de cette série.
  2. Deuxième partie, livre Ier.