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Celle qui la première ouvrit sa voile au vent
Portait un homme mûr, un jeune homme, un enfant,
Et leur aïeul à tous, dont les mains sillonnées
Marquaient de longs labeurs et de longues années :
Ses cheveux tout crépus semblaient un goëmon,
Mais quel jeune tiendrait plus ferme le timon ?
Nul, excepté son fils, au front rude, aux yeux glauques,
Homme doux dont la voix a toujours des sons rauques.
Leur pays, c’est Enn-Tell, et leur nom Colomban,
Un des saints que Dieu fit maîtres de l’Océan.

Tandis qu’ils s’éloignaient, laissant traîner leurs dragues,
Ils virent les enfans jouer au bord des vagues,
Et ceux qui tout le jour le long des murs assis,
Inutiles vieillards, n’ont plus que des récits.
Sur les quais, leurs maisons reluisaient toutes blanches,
Et par-dessus les toits, au loin, de vertes branches
Leur laissaient entrevoir de tranquilles hameaux ;
Les grands bœufs lentement paissaient sous les rameaux,
Et le vent apportait le gai refrain des pâtres,
Qui, sur l’herbe couchés devant les flots saumâtres,
Savourent leur jeunesse, au reste indifférens.
Alors, pour éclaircir le front de leurs parens,
Au bruit des avirons le novice et le mousse
Se mirent à chanter d’une voix lente et douce.


i.

Ah ! quel bonheur d’aller en mer !
Par un ciel chaud, par un ciel clair,
La mer vaut la campagne ;
Si le ciel bleu devient tout noir,
Dans nos cœurs brille encor l’espoir,
Car Dieu nous accompagne.

Le bon Jésus marchait sur l’eau,
Va sans peur, mon petit bateau.


ii.

Saint Pierre, André, Jacque et saint Jean,
Fêtés tous quatre une fois l’an,