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sur la milice, qui a pour résultat une augmentation de l’année et la porte à 100,000 hommes. Nous parlons des incidens en quelque sorte officiels. En dehors de ceci, la situation politique de la Belgique n’a point changé depuis quelques mois. Le cabinet de Bruxelles ne semble point pour le moment menacé dans les chambres, à l’impulsion desquelles au surplus il obéit assez fidèlement. Les partis eux-mêmes, bien que sans changer d’attitude, n’engagent pas de luttes très sérieuses. Il est cependant un point sur lequel le parti catholique commence à se prononcer avec assez de vivacité, c’est la réforme de la loi électorale. La révolution de 1848 avait provoqué une modification de cette loi dans un sens libéral. Le parti catholique veut la modifier aujourd’hui dans un sens, non point anti-libéral essentiellement, puisqu’il en résulterait une augmentation du nombre des électeurs, mais dans un sens qu’il pense devoir lui être plus favorable, en étendant l’électoral dans les campagnes et en plaçant le vote à la commune. Il n’est point impossible que ce ne soit là un des élémens les plus sérieux des prochaines luttes des partis.

La Belgique, dans sa vie politique, dans le choc de ses partis, conserve toujours, dirait-on, quelque chose de cette vivacité, de cette ardeur dans la lutte que nous avons eu si souvent l’occasion de voir éclater en France quand le régime constitutionnel était debout parmi nous, chaque peuple, au surplus, a sa manière d’entendre ce régime, et la Hollande le pratique plus paisiblement. Les états-généraux viennent d’interrompre leurs travaux à La Haye à l’occasion de Pâques. C’est une suspension législative qui doit être de peu de durée ; avant leur séparation, les chambres ont eu le temps d’être saisies du projet de convention entre le gouvernement et la Société de Commerce dont nous avons parlé. Les bases de ce traité sont déjà connues. L’intérêt de la rente que le gouvernement doit à la société, pour l’avance de 10 millions de florins faite par celle-ci, se trouve réduit de 4 à 3 et demi pour 100. Les frais de commission sont diminués. Une certaine quantité de produits coloniaux devront être vendus dans les Indes mêmes. D’un autre côté, la société conserve son monopole jusqu’en 1874. C’est là un des projets qui devront être l’aliment naturel des prochaines discussions législatives. D’ailleurs cette affaire touche à un intérêt de premier ordre pour la Hollande, el qui d’habitude préoccupe vivement l’opinion, nous voulons dire l’état des Indes. Les questions coloniales sont un des élémens de la grandeur et du développement du pays ; elles ont une importance toute simple que mettait de nouveau récemment en lumière une intéressante brochure de M. Cornets de Groot, ancien conseiller des Indes et secrétaire-général du département des colonies. L’auteur se montre partisan d’une réforme modérée, justifiée et nécessitée même par les grandes découvertes modernes de la science et de l’industrie. M. de Groot se déclare également en faveur d’une réforme du système de culture dans les colonies ; il vise à une sorte de terme moyen dans toutes ces questions où le sort des Indes néerlandaises est engagé. On parle aujourd’hui de l’exploitation des mines dans l’île de Célèbes, où, d’après bien des données, il doit exister des gisemens d’or, ce qui ne serait point extraordinaire, d’après les découvertes faites dans l’Australie et à Malacca. Au milieu de ces préoccupations industrielles et commerciales, la Hollande vient de perdre encore un de ses hommes les plus éminens, M. le baron van Zuylen van Nyevelt.