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M. le baron van Zuylen van Nyevelt était un des hommes d’état hollandais les plus renommés et les plus connus dans la diplomatie européenne ; il descendait de l’illustre Grotius, et n’avait pas manqué à sa descendance. Il avait commencé sa carrière diplomatique, il y a déjà plus d’un demi-siècle, comme secrétaire d’ambassade à Paris, et avait depuis représenté son pays successivement en Suède et en Espagne. M. van Zuylen se trouvait comme ambassadeur des Pays-Bas à Constantinople en 1827, à l’époque de l’affranchissement de la Grèce, et c’est alors que, chargé simultanément de conduire les négociations suivies par la France, l’Angleterre et la Russie auprès du divan, il attira sur lui l’attention sur son habile et décisive activité. En 1831, il représentait la Hollande à la conférence de Londres. M. van Zuylen van Nyevelt était resté le doyen de la diplomatie hollandaise, qu’il avait honorée autant par ses talens que par ses qualités privées. Plus que septuagénaire, il avait conservé une ardeur et une activité singulières ; quand la mort est venue l’atteindre, il préparait, assure-t-on, une histoire diplomatique de son pays, de 1805 jusqu’à ce jour. C’eût été sans doute une publication curieuse et dont on n’a qu’un fragment, qui a trait aux négociations de la conférence de Londres. La Hollande a le culte de ses hommes éminens, et elle a raison. Un autre vieillard plein de verve et de vigueur, M. van Hall, vient de faire revivre dans un remarquable travail deux jurisconsultes dont le nom a franchi les frontières des Pays-Bas, Meyer et Van der Linden, — l’un auteur d’un ouvrage sur la codification, homme d’un esprit supérieur, éclairant le moyen âge par ses recherches, et découvrant les ressorts des états modernes autant par intuition que par la profondeur de ses investigations ; l’autre également savant et laborieux, mais moins élevé, et dont les travaux judiciaires sur les colonies ont assez de prix pour avoir été traduits en anglais par ordre du gouvernement britannique. Meyer est mort en 1831, Van der Linden en 1835. Déjà plusieurs écrivains hollandais de mérite avaient essayé de caractériser le premier de ces jurisconsultes. M. van Hall s’est servi, dans sa double biographie, des réminiscences d’une longue vie, et en a fait un tableau où les traditions savantes de la Hollande, se trouvent personnifiées dans deux hommes des plus remarquables. Ce n’est point le seul travail de ce genre qui paraisse en Hollande. Un membre de la Société de littérature hollandaise de Leyde, M. Van der Aa, vient de commencer la publication d’un dictionnaire biographique de toutes les illustrations nationales jusqu’à l’époque présente, et l’exactitude des faits s’y mêle à l’abondance des documens. Comme on le voit, dans ce paisible et sage pays, la vie intellectuelle vient se confondre avec la vie commerciale et la vie politique, pour former un ensemble où se décèle toujours le pratique et laborieux esprit hollandais.

Rien ne diffère plus assurément de la vie politique hollandaise que la vie politique telle qu’elle existe dans certains pays du midi de l’Europe. Il y a quelque temps déjà que nous n’avons rien dit de la situation du Portugal ; c’est qu’en réalité celle situation n’a point changé dons ses élémens essentiels. Le fait le plus saillant, c’est toujours la présence du duc de Saldañha au pouvoir. Il est vrai de dire cependant que le vieux duc s’est vu récemment presque menacé dans son existence ministérielle. Le cabinet portugais