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SOUVENIRS


D’UN NATURALISTE.




LES CÔTES DE SAINTONGE.


I. — LA ROCHELLE.




Un coup d’œil jeté sur la carte géologique de France suffit pour reconnaître que nos côtes occidentales présentent deux sortes de terrains de nature bien différente. L’extrémité de la Normandie, la Bretagne tout entière et une partie du Poitou opposent à l’océan leurs roches schisteuses ou granitiques. À partir de Talmont au midi, de Saint-Vast au nord, le calcaire se montre seul ou ne disparaît que pour faire place aux sables et aux alluvions. L’étude des animaux marins m’avait d’abord conduit sur les rivages du massif central ; plus tard j’avais exploré ceux du pays basque et du Boulonais. Dans ces diverses régions, l’ensemble, les populations animales, les faunes, pour employer l’expression consacrée, m’avaient paru présenter des différences caractéristiques en rapport avec la nature des terrains. Pour confirmer ce fait général, il fallait visiter un point intermédiaire propre à fournir les données d’une comparaison rigoureuse. J’en appelai à mes conseillers ordinaires, la carte géologique de MM. Dufrénoy et Elie de Beaumont, l’Atlas hydrographique de M. Beautemps-Beaupré, et sur leurs indications je partis pour La Rochelle. Par une de ces tristes soirées dont le froid humide semblait inaugurer l’automne en plein été, notre diligence fut hissée sur son truc. À Saumur,