Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 2.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L'ECONOMIE RURALE


EN ANGLETERRE.




IV.


LES REVOLUTIONS AGRICOLES DE L'ANGLETERRE ET LA REFORME DE SIR ROBERT PEEL.




I

On a vu[1] que l’attachement de la portion la plus riche, la plus éclairée et la plus puissante de la nation anglaise pour la vie rurale était la cause principale du développement agricole de ce pays ; mais ce n’est pas la seule, ou plutôt elle n’agit pas toujours directement : une autre cause qui ne fait qu’un au fond avec elle, mais qui s’en distingue dans l’application, c’est l’excellent esprit public des Anglais, qui, depuis plus d’un siècle et demi, les a préservés à la fois des abus du pouvoir absolu et des désordres révolutionnaires, tous deux si funestes à toute espèce de travail. Rien de comparable à la dernière moitié du règne de Louis XIV, au règne entier de Louis XV et aux tourmentes de la révolution n’a affligé cette nation heureuse ; le XVIIIe siècle, si désastreux pour nous d’un bout à l’autre, a été pour elle une époque de développement continu, et, quand nous avons repris notre essor interrompu, elle avait sur nous l’avance de trois quarts de siècle.

Il y a deux cents ans, c’était la France qui, sous le rapport agricole comme sous tout autre, était la plus avancée des deux. Les douze ans

  1. Dans les livraisons du 15 janvier, et des 1er et 15 mars.