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LES FOUILLES


DE NINIVE.




Chaque grand peuple qui parait sur la terre a des arts, une langue, des monumens qui lui sont propres. Les livres saints et les historiens profanes nous avaient conservé le souvenir de cette nation assyrienne, issue en quelque sorte des patriarches, qui, plus de deux mille ans avant Jésus-Christ, avait fondé sur les rives du Tigre et de l’Euphrate l’un des plus puissans empires de la terre : mais, quelle qu’eût été autrefois son importance, un petit nombre des événemens de son histoire et les noms de quelques-uns de ses monarques avaient seuls échappé à l’oubli. On savait que ces fastueux souverains avaient fondé des villes, construit des palais, à la décoration desquels les arts avaient concouru : rien toutefois ne restait de ce passé, aucun monument n’avait échappé à la ruine sans exemple de ces vastes cités. L’homme qui eût cherché à reconstituer les élémens de ces arts qui avaient fleuri pendant des siècles à Ninive et à Babylone, en un mot à restituer un art assyrien, eût passé pour un ingénieux faiseur de paradoxes archéologiques. Et cependant cet art, essentiellement distinct de l’art égyptien, dont il était le contemporain, et de l’art grec, qu’il avait devancé, tranchant aussi de la façon la plus marquée avec les immuables et bizarres monumens que nous ont transmis à travers les siècles l’Inde, le Thibet et la Chine, — cet art avait longtemps existé, marquant d’une empreinte particulière et d’un style qui lui était propre les productions sans nombre de ces artistes dont les noms ne nous sont pas même connus.

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