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supérieurs. Des marbres, gypseux la plupart, étaient employés pour le revêtement des murs des salles de plain-pied. Ces revêtemens étaient d’une magnificence singulière. Des bas-reliefs avec inscriptions rehaussés des couleurs les plus vives les décoraient en partie, et près des portes se dressaient des sculptures colossales représentant des taureaux ou des lions ailés à tête humaine, emblèmes de la force et personnification du souverain. Ces travaux, si nous en jugeons par ce qui en subsiste encore aujourd’hui, devaient occuper une nombreuse école de sculpteurs d’un rare talent. Quel magnifique spectacle offraient dans ces temps reculés, et à l’époque où florissait cette surprenante civilisation assyrienne, ces rives du Tigre et de l’Euphrate, aujourd’hui solitaires et désertes, où, de distance en distance, apparaissaient sur les hauts lieux ces vastes palais si richement décorés et leurs fastueuses dépendances !

La découverte de M. Botta avait été comme la première révélation de cet art el de cette civilisation. Les dernières fouilles dirigées par le nouveau consul de France à Mossoul ont étendu l’horizon, surtout au point de vue architectural. Ce n’est plus aujourd’hui sur quelques monumens isolés du génie assyrien que l’attention peut se porter : c’est une ville entière dont le plan se découvre, c’est tout un système d’architecture qui se révèle, appliqué aux destinations les plus variées, aux travaux de défense militaire comme à l’ornementation des palais et à l’embellissement d’une vaste cité. Les fouilles de Khorsabad, celles des monticules de l’enceinte de Ninive, celles enfin des environs de la ville assyrienne, marquent trois groupes de travaux distincts qui doivent nous occuper tour à tour.

L’ensemble du monticule de Khorsabad, où M. Botta a fait ses belles découvertes, présente un développement rectangulaire d’une grande étendue. Un renflement fort régulier du terrain indique l’emplacement des murailles qui formaient l’enceinte de la ville antique. Ces murailles, dessinant un carré presque parfait, ont un développement de près de deux kilomètres sur chaque face. De distance en distance, de petits tertres coniques, qui, à l’exception d’un seul, se dressent sur l’alignement de la muraille, indiquent l’emplacement des tours ou plutôt des portes fortifiées, comme une des récentes découvertes vient de le prouver. M. Botta, occupé par le déblaiement du palais qu’il venait de retrouver, et voulant tirer sur-le-champ tout le parti possible de cette première découverte, n’avait opéré sur ces divers points de l’enceinte qu’une sorte de reconnaissance fort superficielle, mais qui néanmoins lui avait permis de constater l’existence de l’ancienne muraille. M. Place, tout en continuant l’exploration des parties du palais que M. Botta n’avait pas fouillées, a jugé convenable de s’attaquer aux principaux de ces monticules coniques de l’enceinte, et il est arrivé aux plus curieux résultats.