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révolutionnaire qui pose sur Fribourg. On ne peut approuver sans doute ces prises d’armes, qui n’aboutissent d’ailleurs qu’à faire de nouvelles victimes ; mais il est impossible aussi de ne point remarquer que c’est le seul moyen laissé aux populations, qui ont tenté vainement jusqu’ici toutes les voies légales pour obtenir un gouvernement en harmonie avec leurs besoins et leurs instincts. Comment donc se soutient le gouvernement radical de Fribourg ? Il se soutient parce qu’il a fait une constitution qui lui donne le pouvoir pour un assez long espace de temps, et qu’il a fait garantir par l’autorité fédérale. Les populations ont inutilement demandé la révision de cette constitution ; elles ont eu recours au conseil fédéral. L’an dernier, si l’on s’en souvient, il y avait à Posieux une assemblée populaire qui réunissait l’immense majorité des électeurs, et qui prenait pour symbole la revendication des libertés du canton. Depuis, des élections réitérées, soit pour le conseil fédéral, soit pour les commîmes, sont venues protester contre le gouvernement fribourgeois. C’est quand les populations voient cette impuissance de tous les moyens légaux, qu’elles succombent à la tentation de recourir à la force. Il faut les en blâmer encore sans doute, mais ne pas s’en étonner. Le gouvernement de Fribourg est sorti victorieux de cet assaut ; la question n’en reste pas moins la même, la lutte n’en subsiste pas moins dans le fond entre le radicalisme révolutionnaire qui est au pouvoir et tous les sentimens conservateurs, qui ont leurs racines dans l’immense majorité des populations fribourgeoises.

Ce n’est point le moment sans doute des grandes conflagrations rapidement enflammées, rapidement propagées. Il s’en faut cependant, on le voit, que la vie politique manque d’alimens et d’incidens un peu partout, en dehors même des questions de nature à affecter la situation générale de l’Europe. Chaque pays a sa part d’agitations et de complications intérieures. La Hollande, la paisible Hollande elle-même, d’habitude si peu troublée dans le cours de son existence politique, vient d’avoir sa crise, aggravée par une certaine émotion populaire, et qui a entraîné en peu de jours la chute du ministère, puis la suspension des chambres, bientôt suivie de la dissolution de l’une d’elles. La grande cause de cette crise, c’est le rétablissement de la hiérarchie catholique dans les états néerlandais, opéré par un acte du saint-siège. Le calme ordinaire du caractère national, mieux encore l’esprit traditionnel de tolérance qui domine dans ce pays exclut certainement ce débordement d’âpres et virulentes passions soulevées, il y a quelques années, en Angleterre contre ce qu’on appelait l’agression papale, et qui n’était, si l’on s’en souvient, qu’une organisation semblable de l’église catholique dans le royaume-uni. La Hollande cependant est un pays protestant en majorité, et le sentiment protestant s’est ému en présence de l’acte d’autorité du souverain pontife. De là cette série de péripéties d’où est sorti un nouveau ministère, et qui ont eu pour résultat de jeter le pays dans l’incertitude d’un prochain mouvement électoral : tant il est vrai que de nos jours les questions religieuses ne cessent point d’occuper une grande place dans les préoccupations publiques ! Au fond, quelle est donc la situation de la Hollande au point de vue de l’organisation des cultes et des conditions respectives des communions