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De la même au même

« Il est quatre heures et je ne peux plus me flatter de vous voir aujourd’hui. Que je suis malheureuse ! Vous n’êtes pas content de moi. Je n’ai point dormi, j’ai un battement du cœur effroyable ! »

De la même

. « Si les comtes de Steinborst et de la Gardie sont encore où vous êtes et qu’ils aient dessein de venir, je vous conjure de venir avec eux, c’est un prétexte raisonnable. Quand vous serez ici, l’amour nous aidera, et nous trouverons quelque moyen de nous voir plus aisé. Vous seul m’êtes tout, mon ambition est bornée à vous plaire et à me conserver votre cœur : il me tient lieu de tous les empires… »

De la même

« Puisque les comtes sont partis, vous n’avez plus de prétexte pour venir ouvertement. Pour venir déguisé, je m’y oppose. La chose me paraît trop dangereuse, et c’est, tout comme vous le dites, pour ruiner nos affaires pour jamais. »

De la même.

« Je me moque de toute la terre, pourvu que nous nous aimions tous deux. Je vous le ferai connaître et je ne balancerai jamais à tout abandonner pour vous. Je me promène tous les soirs avec la confidente sous les arbres auprès de la maison. Je vous attendrai depuis dix heures jusqu’à deux. Vous savez le signal ordinaire, la palissade est toujours ouverte. N’oubliez pas que c’est vous qui devez donner le signal et que moi je vous attendrai sous les arbres. »

De Philippe à Sophie-Dorothée.

« En sortant de la palissade, j’ai vu deux hommes à six pas se promener ; je n’ai pas osé tourner la tête, ce qui m’a empêché de savoir qui cela a été[1]. »

À la première découverte que fit Mme de Platon des entrevues du comte et de la princesse, sa fureur ne se contint plus. Elle alla droit au duc-électeur et lui dit tout. Ernest-Auguste, qui n’aimait point les casse-tête domestiques, commença par prendre mollement le rapport

  1. On est tenté de se demander à quelle époque ces relations commencèrent, La question est des plus délicates ; mais ici nul moyen de rien préciser. Une seule de ces lettres porte en date 1687, et dans cette lettre le comte est déjà vis-à-vis de la princesse sur le pied d’une très intime liaison. Or, à cette époque, si la princesse qui plus tard devint la femme du roi Frédéric-Guillaume de Prusse, n’était point née (elle naquit le 16 mars 1687), le prince qui fut depuis George II avait déjà vu le jour, de sorte qu’on peut être rassuré sur la légitimité du sang qui règne en Angleterre : sang de Brunswick-Hanovre et non de Koenigsmark. On remarquera que dans toute cette correspondance il n’est pas une seule fois question de l’intrigue que Philippe eut avec Mme de Platen, et dont tant de crimes et de calamités résultèrent. Il est permis de supposer qu’au moment de sa visite domiciliaire chez Kœnigsmark, Elisabeth de Platen fit disparaître tout ce qui pouvait la concerner.